RENOVATIONMarseille, la ville aux 1.001 échaffaudages

Marseille: La ville aux 1.001 échafaudages

RENOVATIONLa ville et le département des Bouches-du-Rhône financent la rénovation de façades à Marseille, qui connait une grave crise de l’habitat
Les echafaudages se comptent par dizaines dans les rues de Marseille.
Les echafaudages se comptent par dizaines dans les rues de Marseille.  - Adrien Max / 20 Minutes
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Dans le cadre du plan « ambition centre-ville », la ville de Marseille et le département des Bouches-du-Rhône financent la rénovation de façades de 780 immeubles.
  • Alors que Marseille connaît une grave crise de l’habitat depuis le drame de la rue d’Aubagne, certains considèrent qu’il ne s’agit que de « faire beau », sans régler les problèmes structurels.
  • Des architectes souhaiteraient que les rénovations de façades soient couplées avec d’autres, comme les rénovations énergétiques, pour plus d’efficacité.

Un pas à droite, un pas à gauche, et pour les plus grands on n’oublie pas de baisser la tête. Arpenter les rues de Marseille ces dernières semaines relève quelque peu d’un jeu vidéo dans lequel il faudrait éviter les obstacles. Les obstacles, ici, ce sont les innombrables échafaudages qui jalonnent les rues du centre-ville. Rue Sainte, rue Breteuil, rue de Rome, du côté de la Plaine, sur le Vieux-Port, aucun quartier du centre-ville n’échappe à cette course à la rénovation.

Des rénovations encouragées par la ville de Marseille et par le département des Bouches-du-Rhône dans le cadre du plan « ambition centre-ville ». Au total, ce plan prévoit la rénovation des façades de 780 immeubles, financées entre 30 et 50 % par les collectivités locales. Une somme importante allouée aux façades des immeubles quand on sait que depuis le drame de la rue d’Aubagne, près de 1.200 habitants sont toujours à l’hôtel alors que leur logement est frappé d’un arrêté de péril.

« Une politique publique facile à mettre en place »

« Ce qui est irresponsable c’est qu’ils ne comprennent qu’il faut coupler ces campagnes de rénovation de façades à celles de rénovation de toitures et de cages d’escalier », considère Patrick Lacoste, urbaniste et membre de l’association Un centre-ville pour tous. Il cite comme exemple cet immeuble dont la façade a été rénovée il y a 15 ans, mais qui est aujourd’hui frappé d’un péril après la découverte de failles.

« Il faudrait une obligation pour celui qui reçoit la subvention de prouver que son logement n’est pas insalubre, ni dangereux », considère-t-il. »

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Pour Nicolas Salmon-Legagneur, vice-président du syndicat des architectes des Bouches-du-Rhône, les ravalements de façades « relève d’une politique publique facile à mettre en place ». Contrairement à la résorption de l’habitat dégradé « beaucoup plus complexe, avec des mécanismes juridiques plus difficile ».

« La rénovation des façades est une obligation du Code civil qui incombe aux propriétaires tous les dix ans. Il s’agit d’une obligation morale afin que les immeubles aient une image correcte, là les pouvoirs publics ne font qu’inciter à respecter cette obligation », explique-t-il.

Les echafaudages se comptent par dizaines dans les rues de Marseille.
Les echafaudages se comptent par dizaines dans les rues de Marseille.  - Adrien Max / 20 Minutes

« Priorité de l’esthétique sur la sécurité »

Maxime Repaux, également membre du syndicat des architectes rejoint l’avis de Patrick Lacoste sur le besoin de rénovation plus globale que simplement la façade.

« On sait que dans 90 % des effondrements, la cause vient de la toiture. Ce serait donc le minimum à faire. La machine administrative de gestion des espaces publics se concentre sur les façades parce que c’est ce qui se voit. Il y a donc une priorité de l’esthétique sur la sécurité, ils se préoccupent des espaces publics, et ce qu’il y a derrière, on s’en fout », avance-t-il. »

Selon lui, la solution serait de coupler plusieurs rénovations, de façades ou énergétiques pour plus d’efficacité.

Patrick Lacoste dénonce, lui, une stratégie plus globale. « Cette stratégie rejoint celle de 60 millions d’euros qui vise à repaver le bas du Vieux-Port. C’est neuf, mais on refait pour les touristes parce que Marseille est une ville pour les touristes », dénonce Patrick Lacoste.

Joint par 20 Minutes, la mairie de Marseille n’a pour l'heure pas donné suite à nos sollicitations.