POLITIQUEDes collectifs marseillais s’allient pour construire une force politique

Immeubles effondrés à Marseille: Une quarantaine de collectifs s’allient pour dénoncer «une ville qui se fait sans les habitants»

POLITIQUELutte contre les écoles délabrées, pour des logements décents… Les différents collectifs marseillais contre la politique en place ont décidé suite au drame du 5 novembre de s’unir…
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Plusieurs collectifs citoyens ont décidé de s’unir à Marseille après le drame de la rue d’Aubagne pour construire une force politique.
  • Ils signent notamment un manifeste appelant à changer de politique.
  • Ces nouveaux acteurs politiques excluent toutefois de participer aux municipales.

Quel point commun existe-t-il entre des habitants de La Plaine, une des plus grandes places marseillaises dont la réhabilitation au cœur de la politique de Jean-Claude Gaudin est contesté, des délogés privés d'appartement depuis le drame de la rue d’Aubagne et des parents d’élèves qui déplorent l'état des écoles de la deuxième ville de France ?

Ce mardi, la réponse qui semblait se dessiner à l’Equitable café était claire : une seule et même colère contre la politique municipale à Marseille, exprimée de longue date. La mort de huit personnes sous les décombres d’immeubles effondrés dans le centre-ville a décidé une quarantaine de collectifs citoyens marseillais à s’unir en un seul et même ensemble. « Le 5 novembre, ça a déclenché quelque chose », analyse Fatima Mostefaoui, coprésidente de Pas sans nous.

Stop à « la politique du pourrissement »

Ce mardi, lors d’une réunion entre les différents collectifs a été présenté un texte commun : celui d’un « manifeste pour un Marseille vivant et populaire ». Dans ce texte, les signataires dénoncent notamment la construction d’une ville « qui se fait sans les habitants ». « Le drame de la rue d’Aubagne a mis à nu la brutalité de toute une politique », indique le manifeste.

Et d’énumérer : « Les taudis, les écoles délabrées, les équipements et services inexistants, les transports publics indignes de la "deuxième ville de France", les cités des quartiers Nord laissées à la dérive : la politique du pourrissement, nous en avons assez. »

Pas de projet pour les municipales

Parmi les premiers signataires, on retrouve, pêle-mêle, des collectifs d’habitants de certaines cités des quartiers Nord, comme celui d’Air Bel, où un habitant est mort de la légionellose, mais aussi le collectif du 5 novembre. Mais derrière les discours semblent se dessiner un bloc politique, avec ses revendications et ses propositions, des transports en commun gratuits à la réquisition des logements vides, en passant l’annulation des partenariats publics privés. Et ce à 18 mois des élections municipales à Marseille, qui s’annoncent inédites, puisque l’actuel maire Jean-Claude Gaudin ne briguera pas le poste de maire pour la première fois depuis 37 ans.

Les signataires de ce manifeste démentent toutefois viser les prochaines élections. « Essayons de construire ensemble quelque chose, lance Bruno Le Dantec. Nous ne sommes pas dans l’idée de lancer une plateforme pour les élections municipales, mais une fédération des colères. Organisons des assemblées de quartier, pour que plus jamais ils gouvernent cette ville sans nous prendre en compte, et puisque les conseils municipaux sont le théâtre d’une fausse démocratie. »

Une manifestation samedi

Et qu’importe si, dans l’assemblée se trouve Michèle Rubirola, conseillère EELV de Marseille, ou des militants proches de la France Insoumise… Cet agrégat de collectif se veut non partisan et espère le rester. « On ne va pas se voiler la face, la plupart ici est de gauche, reconnaît Zora Boukenouche du collectif du 5 novembre. Mais aujourd’hui, au sein du collectif, il y a une horizontalité. Chacun donne son avis. »

Et de s’adresser aux autres collectifs : « A chacun de mettre la pression sur la mairie. » Une pression qui devrait s’exprimer de nouveau dans la rue. Un appel à manifester ce samedi contre l’habitat indigne a été lancé par ces collectifs et relayés par des personnalités influentes, comme Soprano ou IAM, dans une lettre ouverte publiée dans Le Monde.

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