COMMEMORATIONUn mois après la rue d'Aubagne, un collectif réclame un deuil «municipal»

Immeubles effondrés à Marseille: Un mois après, un collectif réclame un deuil «municipal»

COMMEMORATIONVoilà un mois que plusieurs immeubles se sont effondrés à Marseille. Une cérémonie commémorative est organisée par un collectif en hommage aux huit morts sous les décombres…
Huit personnes sont mortes sous les décombres d'immeubles effondrés rue d'Aubagne à Marseille
Huit personnes sont mortes sous les décombres d'immeubles effondrés rue d'Aubagne à Marseille  - Mathilde Ceilles / 20 Minutes
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Un mois après le drame de la rue d’Aubagne se pose la question de sa commémoration.
  • Un collectif organise une cérémonie, aucune n’ayant été organisée jusqu’alors par la mairie.
  • Aucun élu de la majorité ne s’y rendra, et le conseil municipal observera une minute de silence lundi.

Lundi 5 novembre, 9h05. La date reste encore en mémoire pour beaucoup de Marseillais. Plusieurs immeubles de la rue d’Aubagne s’effondraient soudainement. C’était il y a un mois. Depuis, la ville de Marseille vit une crise du logement sans précédent, poussant à évacuer plus de 1.500 personnes de leurs appartements, selon un dernier bilan de la mairie.

Mais au-delà de cette crise, cette triste date anniversaire renvoie à une réalité : dans ce drame, huit personnes ont perdu la vie. Un mois après les faits vient le temps de l’hommage et la délicate question de la commémoration de ces événements tragiques. Ce mercredi 5 décembre, à 9h05, le collectif du 5 novembre Noailles en colère organise huit minutes de silence pour un « hommage citoyen », à défaut d’avoir obtenu l'« hommage municipal » réclamé depuis plusieurs semaines.

« Il ne faut pas oublier ces morts »

Depuis le 5 novembre, aucune cérémonie officielle n’a en effet été organisée par la mairie. Seul un temps de recueillement a été observé quelques minutes devant le décombre par des élus marseillais, dont l’adjointe au maire en charge du logement Arlette Fructus, jeudi dernier, en présence du ministre du logement Julien Denormandie et des journalistes.

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Quelques jours après le drame, des bougies installées par les passants à proximité des lieux avaient été retirées, avant d’être conservées à la demande des habitants. Tout près des décombres, des photos des victimes trônent toujours sur les barrières, accompagnées de petits mots. Le maire lui-même avait fait polémique, se disant « effondré » dans un tweet.

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« Il faut respecter ce deuil »

« Depuis le début, nous déplorons l’indécence flagrante de la mairie, affirme Marie, habitante de la rue d’Aubagne et initiatrice du collectif du 5 novembre. Il y a eu ces élus qui sont allés à une fête du chocolat quelques jours après le drame. Nous demandons de considérer ce drame certes comme une gestion de crise, mais aussi humainement. Il ne faut pas oublier ces morts. Nous avions demandé de petites choses, comme la mise en berne des drapeaux. Mais même ça, ça n’a pas été respecté. »

Les drapeaux de la mairie avaient en effet été mis en berne un temps, avant d’être redéployé quelques heures après la marche blanche du 10 novembre. « Nous, en tant que collectif, accompagnons ces gens qui vivent ce deuil. Ils se sentent abandonnés. Il faut entendre ce deuil. Certains demandent une plaque, d’autres un jardin. La forme reste à définir, mais il faut respecter ce deuil, le considérer avec dignité. »

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« Le traumatisme de tout un quartier »

Un besoin de commémoration qui dépasse les familles directement touchées, à en croire Marie. « Tous les soirs, des gens viennent rallumer les bougies rue d’Aubagne, confie-t-elle en pleurs. C’est aussi le traumatisme de tout un quartier qui a besoin de se reconstruire et de digérer. Les minutes de silence permettent de passer ce temps ensemble, de se sentir plus fort, de ne plus être dans cette souffrance. »

Ni le maire, ni un de ses adjoints n’ont prévu de se rendre à cette cérémonie commémorative, à l’angle de la rue d’Aubagne et de la rue Moustier. « Le maire a choisi d’observer une minute de silence lors du conseil municipal de lundi, afin que tous les élus soient sur un pied d’égalité, et qu’il n'y en ait pas qui ne puissent venir rue d’Aubagne pour des raisons d’agenda », justifie dans un premier temps Julien Ruas, adjoint au maire délégué à la prévention et à la gestion des risques. De plus, selon lui, cette absence du maire vise à ne « pas attiser la colère ». Une raison déjà invoquée pour justifier son absence de la marche blanche.

« Les vraies gens portaient de vraies questions »

L’élu se défend toutefois d’une quelconque distance de la mairie vis-à-vis des familles endeuillées. « Toutes les victimes ont été reçues en mairie du 1er et du 7e, affirme-t-il. Les frais d’obsèques ont été pris en charge par la ville de Marseille, et toutes les familles ont été appelées par des adjoints au maire pour leur présenter personnellement nos condoléances. »

Et de confesser : « Quant à la forme à donner à une commémoration future, je n’ai pas la réponse. Moi, je suis toujours dans la gestion de crise. Les vraies gens, quand ils ont vu le maire, ils n’ont pas parlé de minute de silence. Les demandes au maire, ce n’était pas ça. Ils disaient merci, et les vraies gens portaient de vraies questions. »

« J’ai demandé au maire de réfléchir à comment imaginer tenir compte du 5 novembre, et la réponse institutionnelle de la minute du silence lors du conseil est absolument nécessaire, ajoute Arlette Fructus, adjointe au logement. C’est une première forme d’hommage que nous entendons rendre aux familles des victimes. » Après cette conférence de presse, la ville de Marseille a fait savoir dans un communiqué qu'une minute de silence serait respectée ce mercredi dans la matinée par les agents municipaux. Ce mercredi, une neuvième minute de silence sera respectée par le collectif, afin de rendre hommage à une octogénaire morte après avoir reçu une grenade lors de la manifestation de samedi dernier.

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