Marseille: Prison avec sursis pour des policiers coupables de violences
JUSTICE•Les deux fonctionnaires avaient été filmés en train de frapper un homme allongé face contre terre et menotté dans le dos...20 Minutes avec AFP
Deux policiers d’une brigade anticriminalité marseillaise ont été condamnés mardi à quatre et six mois de prison avec sursis pour les violences commises lors de l’interpellation d’un automobiliste.
Le tribunal s’est appuyé sur les images d’une caméra de vidéosurveillance enregistrées le 5 décembre 2017 vers 3h30, qui montrent les deux fonctionnaires en train de frapper un homme allongé face contre terre et menotté dans le dos. Les policiers âgés d’une trentaine d’années n’ont pas contesté avoir porté, l’un quatre coups de poing, l’autre un coup de pied, mais les ont justifiés par l’état de grande excitation de l’homme interpellé pour une conduite en état d’ébriété - ce qui ne transparaît pas sur les images vidéo.
« Il était très virulent », a expliqué l’un des deux fonctionnaires, « et je lui mets un coup de pied pour qu’il arrête de bouger. Pour moi, c’est l’exercice légitime de la force, il fallait qu’il se calme ».
« La victime s’est débattue et ils se sont tous blessés mutuellement »
Devant le tribunal, l’automobiliste a raconté avoir été maintenu au sol avec un genou dans le dos pendant vingt minutes : « J’essayais de me relever pour essayer de respirer et ils me disaient : "Ferme ta gueule ! Reste là !" ». Les policiers devront lui verser 2.500 euros de dommages et intérêts.
« Les policiers n’étaient pas dans une situation de danger qui aurait justifié un usage légitime de la violence », a souligné la procureure Brigitte Lanfranchi, « très ennuyée » de requérir contre des fonctionnaires de police que leur hiérarchie qualifie de « bons policiers, bosseurs, pas des têtes brûlées ». Elle avait réclamé huit mois de prison avec sursis contre les deux prévenus.
Une enquête de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), menée après dénonciation des faits par la victime, avait conclu à « des violences injustifiées » et avait également mis au jour l’établissement d’un faux procès-verbal d’interpellation.
Le document était signé par quatre fonctionnaires composant ce soir-là l’équipage alors que l’un d’eux avait quitté son service avant les faits pour des raisons médicales. Un troisième policier, jugé uniquement pour faux et usage de faux, a été condamné à deux mois de prison avec sursis. En défense, Me Céline Lendo, avait sollicité des relaxes : « les coups ne sont pas niés. La victime s’est débattue et ils se sont tous blessés mutuellement ».