ISLAMA Marseille, les musulmans déplorent un manque de mosquées

Marseille: «Il manque des mosquées, c'est un fait», les musulmans de la ville à l'étroit

ISLAMLa deuxième ville de France accueille l’une des plus grosses communautés musulmanes de l’Hexagone...
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • La mosquée de la porte d'Aix a été entièrement réhabilitée pour accueillir les fidèles.
  • Cette mosquée constitue l'une des 72 mosquées marseillaises.
  • A en croire certains représentants de la communauté musulmane, ce chiffre est insuffisant.

«Venez le vendredi ici, et vous verrez s’il n’y a pas une pénurie de mosquées à Marseille. » En ce jour d’inauguration en présence de nombreux élus marseillais, Nordine Ghelamallah est évidemment soulagé. Le trésorier de l’association cultuelle islamique de Marseille vit la fin de longues années de travaux pour réhabiliter la première et plus ancienne mosquée de Marseille, celle dite de la porte d'Aix que gère sa structure.

Mais les 2.400 m² flambant neufs de la mosquée El Takwa, située dans le deuxième arrondissement, ne sauraient résoudre la problématique que rencontre la communauté musulmane de Marseille pour exercer son culte. Cette mosquée, située près du centre-ville, vient s’ajouter à la liste des 72 lieux de culte répertoriés par la municipalité pour accueillir les 300.000 musulmans que compterait la deuxième ville de France selon la mairie. Soit un lieu de culte pour un peu plus de 4.000 fidèles, appartenant à l’une des communautés les plus importantes de l’Hexagone.

« On est souvent obligé de refuser du monde »

« Ce manque, c’est criant, reprend Nordine Ghelamallah. On est amené à organiser deux séances de prière pour accueillir les fidèles. On est souvent obligé de fermer la porte et de refuser du monde. On déborde. Cette mosquée est l’une des rares de la sorte, les autres sont plutôt des salles de prière. » Un projet de grande mosquée avait bien été esquissé dans le passé à Marseille pour répondre à cette problématique. Mais il a été enteriné par le tribunal administratif au début de l’année 2017. Prévue pour accueillir 7.000 fidèles sur un terrain loué par la ville, cette mosquée ne verra jamais le jour.

A cela s’est ajoutée en fin d’année la fermeture de la mosquée As-Sounna, boulevard National, sur ordre du préfet. Dans le viseur des autorités se trouvaient les prêches radicaux de l’imam salafiste de cette structure, aujourd’hui expulsé. Avec 400 fidèles, cette mosquée constituait au moment de sa fermeture l’une des plus fréquentées de la ville.

« Cette décision est vraiment injuste, affirme Myriam, une musulmane marseillaise impliquée dans la communauté à travers son association humanitaire. Que l’imam soit mis en cause, c’est son problème. Mais ce sont l’ensemble des fidèles du quartier qui se retrouvent pénalisés, punis, et sont éparpillés ailleurs. »

« On cherche à aider les musulmans sur le côté pratique »

Interrogée, la mairie se dit prête à faciliter la construction de mosquées dans la limite de la loi de 1905. « On ne peut pas aider la communauté musulmane à financer la construction de lieux de culte », rappelle Catherine Pila, conseillère municipale déléguée aux édifices cultuels. A Marseille, comme partout en France, le financement des mosquées se fait ainsi sur la seule base des dons des fidèles, ainsi que sur la contribution, plus ou moins importante selon les projets, de donateurs étrangers.

« Toutefois, à Marseille, on cherche à aider les musulmans sur le côté pratique, affirme l’élue. Par exemple, pendant la durée des travaux de la mosquée de la porte d’Aix, Euroméditerrannée a prêté un local dans le quartier pour que les musulmans puissent prier. Avec 300.000 musulmans à Marseille, il paraît normal que ces personnes pratiquent leur culte dans des conditions de sécurité satisfaisantes, et nos agents y travaillent. » A Marseille, plusieurs mosquées sont actuellement en construction, notamment dans le quartier de la Busserine ou aux Cèdres.

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