FAITS DIVERSImbroglio autour de l'agression d'un jeune homosexuel à Arles

Arles: Imbroglio autour de l'agression d'un jeune homosexuel

FAITS DIVERSUn député de La République en Marche a interpellé le ministre de l’Intérieur sur l’agression d’un jeune homosexuel à Arles, en affirmant qu’il s’agissait d’un acte homophobe. Police et parquet démentent…
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • Un jeune homme s'est fait agressé et volé son portable à Arles, quelques instants après avoir embrassé un garçon.
  • Un député a interpellé Gérard Collomb, affirmant que le caractère homophobe de cette agression n'était pas prise en compte par les policiers.
  • La plainte déposée pour vol avec violence, sans que le caractère homophobe ne soit retenu, est justifiée par les faits objectifs et les déclarations de la victime selon les autorités.

La lettre date du 4 juillet dernier. Dans une missive adressée au ministre de l’Intérieur et postée sur son compte Twitter, Raphaël Gérard, député de Charente-Maritime La République en Marche, interpelle Gérard Collomb. « Suite à l’agression en date du dimanche 24 juin d’un jeune étudiant argentin par une bande à Arles, après que celui-ci a embrassé un garçon, la police a décidé de ne pas retenir le caractère homophobe et a qualifié l’attaque d' "agression avec vol et tentative de vol". »

Le 24 juin dernier en effet, un jeune homosexuel a été victime d’une « agression gravissime, qui a valu à la victime 180 jours d’ITT et une fracture de la cheville », selon les termes du procureur de la République de Tarascon Patrick Desjardins, en charge de l’affaire. Le soir des faits, le jeune homme se trouve en compagnie d’un autre, sur les bords du Rhône dans la sous-préfecture des Bouches-du-Rhône, relate le procureur. Poussée par des individus, la victime fait une importante chute, et son portable, un smartphone de la marque Huawei, est volé par ses agresseurs qui prennent la fuite. Une plainte est déposée pour vol avec violence et en réunion.

Agressé après avoir embrassé un garçon

« J’ai été alerté sur les réseaux sociaux, se justifie le député Raphaël Gérard. J’ai pris connaissance du cas d’Arles via le média LGBT Komitid qui m’a amené à creuser le sujet. » Ce site spécialisé a notamment publié un article sur cette agression, repris par le magazine Têtu. Cet article cite le témoignage de la victime, selon laquelle cette agression relevait de l’homophobie. Une motivation qu’il aurait rapportée aux policiers.

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« L’agression s’est produite après que la victime a embrassé un autre garçon, affirme Raphaël Gérard. C’est cela, l’élément déclencheur, et cela n’a pas été pris en compte. »

Une version pourtant réfutée par le procureur, plainte à l’appui. « Trois individus leur demandent une cigarette, puis s’éloignent. Les deux hommes s’embrassent. Quelques minutes plus tard, le groupe revient, pousse la victime dans le Rhône, s’empare du portable qui était sur le muret et prend la fuite. Le caractère homophobe n’a pas du tout été signalé par les victimes quand elles ont été interrogées par les enquêteurs. »

« A aucun moment, il est notifié une insulte »

« Trois auditions ont été faites et, à aucun moment, il est notifié une insulte, une allusion ou quoi que ce soit, abonde une source policière proche du dossier. Cette interprétation des faits ne correspond pas à la réalité pénale. »

« Si la motivation de cette agression était l’homophobie, et non le téléphone portable, ce groupe de personnes auraient pu s’en prendre au second jeune homme, ajoute le procureur de la République. Ils étaient trois contre un, et ce genre d’agressions arrive malheureusement. Or, ici, rien de tout cela. Il faut se fonder sur les éléments objectifs de l’enquête. »

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« Il ne s’agit pas de faire un procès d’intention envers les policiers, affirme Raphaël Gérard. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas plainte qu’il n’y a pas homophobie. En matière d’agressions homophobes, les rapports de SOS Homophobie montrent un vrai décalage entre leurs conclusions fondées sur les témoignages recueillis par leurs écoutants par téléphone et les statistiques officielles. Un certain nombre de victimes ne porte pas plainte par peur. Mais il y a aussi la question de la sensibilisation des forces de l’ordre à ces problématiques. »

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Dans son courrier adressé au ministère, le député demande notamment à Gérard Collomb une « évaluation de la formation reçue par les fonctionnaires de police pour traiter adéquatement des cas en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre. »

« Si une agression homophobe est signalée aux policiers, la plainte sera prise comme telle, et une procédure adéquate sera diligentée », affirme une source policière au sein de la DDSP. « On doit traiter les agressions homophobes comme telles, abonde le procureur de la République. Encore faut-il des éléments. J’ai toute confiance en le commissaire d’Arles. »

Contactée, la victime, décrite comme « encore très choquée » par son employeur, n’a pas donné suite à nos sollicitations.