VIDEO. Marseille: «Cher Edouard» Philippe vient inaugurer deux écoles...pour mieux étouffer les polémiques?
EDUCATION•Le Premier ministre, longtemps du même parti politique que le maire de Marseille, est venu inaugurer deux écoles, un sujet sensible dans la cité phocéenne…Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Edouard Philippe est venu inaugurer deux écoles à Marseille, symboles de la réponse de la municipalité aux critiques l’épinglant pour le délabrement de certaines écoles.
- Mais la mairie fait face à une autre polémique en la matière : le recours aux PPP pour construire d’autres écoles
Ils sont venus, ils sont tous là. Il y a le maire de Marseille - évidemment, et des adjoints - on comprend. Mais, plus surprenants, il y a aussi des sénateurs, des députés, et même une secrétaire d’Etat, Brune Poirson, et, cerise sur le gâteau, un Premier ministre en personne. Tout ça pour l’inauguration en grande pompe de deux groupes scolaires de Marseille, l'école primaire Sainte-Marthe Audisio dans le XIVe arrondissement et l’école primaire du Rouet Charles Allé dans le VIIIe. Ces deux écoles ont été bâties récemment pour faire face à l’accroissement démographique continu des jeunes Marseillais, poussant la mairie à prévoir la construction de 14 écoles pour la rentrée 2021.
Cette venue surprenante est, du propre aveu d’Edouard Philippe, une promesse faite par le Premier ministre à Jean-Claude Gaudin. « Vous m’aviez demandé de venir à Marseille pour inaugurer les écoles, je suis venu ». Il faut dire que les deux hommes ont, jusque très récemment, appartenu à la même famille politique, et les discours sont ponctués de tutoiement, entre des « cher Jean-Claude » qui répondent à des « cher Edouard » dans ces écoles dernière génération tout juste sortis de terre.
« L’action éducative est une priorité »
Le Premier ministre n’a visiblement pas envie en ce jour d’inauguration et de retrouvailles d’une partie de son bientôt ancienne famille polémique d’évoquer les polémiques le concernant, notamment ce fameux vol Tokyo-Paris, et ne répondra donc pas aux questions des journalistes.
Côté marseillais, cette visite permet à Jean-Claude Gaudin de marteler un message, le même quand on parle d’éducation à l’édile de la deuxième ville de France : « L’action éducative est une priorité majeure de la municipalité ». Mais en grattant un peu ces murs flambant neufs, difficile de pas voir les polémiques encore récentes en la matière auxquelles cette phrase fait écho.
Plan d’urgence et PPP
Déjà, ces écoles ont été construites alors que la mairie, qui accueille 77.000 enfants dans plus de 440 écoles, avait été sommée en 2016 par l’Etat d’entreprendre des travaux en urgence, face aux témoignages qui se multipliaient de la part de parents d’élèves et enseignants, décrivant des murs moisis, des classes non chauffées, ou des locaux infestés par les rats. Un plan d’urgence, de 41 millions d’euros, avait alors été mis en œuvre.
Or, depuis, la ville de Marseille a voté un autre plan massif de reconstruction d’un montant d’un milliard d’euros, via des partenariats public-privé (PPP). Un choix critiqué par l’opposition municipale, mais aussi par certains acteurs du BTP eux-mêmes.
« La poésie, c’est bien, mais les chèques, c’est mieux ! »
Aussi, face à un discours lyrique du Premier ministre, qui se souvient de ses souvenirs d’école faits « d’odeurs, de couleurs », le chef de la majorité socialiste marseillaise Benoît Payan s’impatiente. « La poésie, c’est bien, mais les chèques, c’est mieux ! Il ne connaît pas l’état des écoles à Marseille ». Et de renchérir : « Marseille est une ville pauvre qui a besoin d’aide. ».
La sénatrice socialiste des quartiers Nord Samia Ghali a, elle, préféré passer son tour. « Je trouvais ça indécent quand on sait que dans certaines écoles des quartiers nord, il y a en a qui ont froid ou chaud, alors je n’y suis pas allée par respect pour eux. »
Et une troisième problématique pourrait bientôt venir bousculer la vie déjà mouvementée des écoles marseillaises, de l’aveu de Jean-Claude Gaudin lui-même : le dédoublement des CE1 en REP + prévu à la rentrée 2018. « Nous risquons néanmoins de nous heurter à des difficultés, car la quasi-totalité des locaux se trouve à présent occupée ». Rendez-vous dans quelques mois donc…