VIDEO. Marseille: Pendant que la ville délibère sur l’accès aux vestiges de la Corderie, Vinci les détruits
PATRIMOINE•Alors que la mairie votait sur les conditions d’accès aux vestiges de la Corderie, les pelleteuses de Vinci commençaient à détruire la partie non classée…Adrien Max
L'essentiel
- Les pelleteuses ont commencé à grignoter la partie des vestiges non préservée.
- Le conseil municipal délibérait au même moment sur la surface sauvegardée ainsi que sur les conditions d’accès au site.
- La servitude prévoit neuf jours de visite par an et un jour par mois pour les scolaires.
- Jean Claude Gaudin s’est dit prêt à faire des efforts si des demandes pour davantage de visites étaient formulées.
Au moment où les élus de la ville de Marseille s’installaient dans l’hémicycle pour assister au dernier conseil municipal de l’année, les pelleteuses de Vinci se mettaient en action sur le site des vestiges de la Corderie. Une nouvelle étape dans ce dossier qui court depuis plusieurs mois.
Dès 8 heures ce lundi matin, les pelleteuses n’ont pas hésité à grignoter de leurs dents métalliques les vestiges, tout du moins la partie qui ne sera pas sauvegardée. Le préfet n’a d’ailleurs toujours pas acté la sauvegarde des 635 m2 demandée par Françoise Nyssen, la ministre de la Culture. « Ça fait mal de voir ça après le combat qu’on mène », explique entre tristesse et résignation Sandrine Rolengo, habitante du quartier, et membre de l’association Sites et Monuments.
« De l’irrespect à l’égard des élus de la part de Vinci »
Les collectifs d’intérêt de quartier, les habitants, le collectif « Laisse béton », Sandrine Rolengo, tous veulent le classement du site dans son ensemble. Mais la ministre a réaffirmé à plusieurs reprises qu’ils devraient se contenter des 635 m2.
Alors même que le conseil municipal votait sur la zone à protéger, Eugène Castelli, membre de l’opposition socialiste, fustigeait le comportement du promoteur immobilier :
« Ce matin on apprend que des pelleteuses sont en train de détruire le site au-delà des 635 m2, au moment même ou le conseil municipal délibère sur la question. Si cela n’est pas de l’indécence et de l’irrespect à l’égard des élus de la part de Vinci. Monsieur le Maire des recours sont en cours, mais quoi qu’en dise la justice des hommes c’est l’histoire qui jugera. » »
Neuf jours de visites par an
Les délibérations débattues en conseil municipal portaient aussi sur les servitudes du site, c’est-à-dire sur son accessibilité, une requête formulée une nouvelle fois par la ministre lorsqu’elle avait pris la décision de classer les 635 m2. « La ministre a demandé au groupe Vinci de prendre plusieurs engagements afin de garantir la visibilité et une meilleure restitution des vestiges conservés, de favoriser leur accessibilité et de développer les médiations à destination des publics », expliquait le communiqué.
Cette visibilité se résume au final à des visites possibles pour le grand public à raison de trois fois trois jours, obligatoirement accompagnées, soit neuf jours de visites par an. Les scolaires auront, eux, le droit à un jour par mois. Mais ces visites se limitent à trente personnes, difficiles pour des écoles et leurs accompagnateurs.
Gaudin prêt à faire des efforts
Concernant l’accessibilité du site, elle se fera entre un mur de neuf mètres et le futur immeuble de 25 mètres. Le reste du temps, les vestiges pourront être observés depuis le jardin public mitoyen, à une soixantaine de mètres de là à vol d’oiseau. « La volonté de la ville et de Vinci est la construction de l’immeuble coûte que coûte pour cela bien sûr faire quelques concessions à l’opinion publique, pour en final faire voter une délibération la plus restrictive possible en matière de visibilité, d’accessibilité et de transmission, circulez il n’y a rien à voir. » s’est désolé Eugène Castelli.
aJean Claude Gaudin, a promis de faire des efforts s’ils étaient nécessaires « La visite, si elle est trop restrictive, nous ferons un effort pour qu’elle le soit moins. On ne va pas interdire aux gens de venir voir les 635 m2 », a-t-il déclaré pour clore le débat.