VIDEO. Attentat à Marseille: La fac de médecine et le village d'Eguilles pleurent «une brillante étudiante»
REPORTAGE•Une des victimes de l'attentat survenu hier à Marseille est originaire du village d'Eguilles. Un rassemblement a eu lieu ce lundi soir...Adrien Max et Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Un rassemblement était organisé ce lundi soir à Eguilles, village de Mauranne, tuée ce dimanche sur le parvis de la gare Saint-Charles.
- L'université de La Timone, où elle étudiait la médecine, est également en deuil.
«C’est terrible. Terrible… » : Yvon Berland est président d’université depuis treize ans, il a déjà donné des dizaines de conférences de presse, des centaines de discours. Mais cette fois, il n’y arrive pas. C’est donc par un long silence que s’est ouverte la conférence de presse de l’universitaire, ému aux larmes. Mauranne, étudiante à la fac de médecine de la Timone, a été tuée ce dimanche sur le parvis de la gare Saint-Charles. Une attaque revendiquée par les terroristes de l’organisation Etat islamique.
Quelques minutes après la conférence de presse, Yvon Berland a retrouvé sa voix. « Je devine votre émotion, nous sommes tous très touchés », dira-t-il aux étudiants de troisième année, rassemblés dans un grand amphithéâtre. Certains ont les yeux rougis. Tous sont déjà au courant de la mort de leur camarade, qu’ils disent « discrète », « sympa », « sérieuse et très bonne élève. »
Brillante et investie dans la vie associative
« Elle avait des résultats brillants, elle a eu sa première année du premier coup, elle avait plus de 15 de moyenne l’an dernier », raconte Yvon Berland, président de l’université Aix-Marseille. Mauranne allait choisir son stage de troisième année. « C’est une rentrée terrible. On accuse le choc, on a du mal à réaliser », confie Anthonny, élève de troisième année comme elle, président d’une association étudiante. « Elle était réservée, discrète, mais aussi investie dans la vie des associations : elle a participé à l’opération L’hôpital des Nounours, elle s’était aussi engagée pour le Téléthon », précise le jeune homme, lui aussi très ému.
Une minute de silence sera organisée, mardi midi, sur tout le campus. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place. « On sait qu’ils ont d’abord besoin de faire le point entre eux, et qu’il ne faut pas être trop intrusif, indique le professeur Dominique Rossi, président de la commission médicale de l’ AP-HM. On se tiendra à leurs dispositions dans les jours et semaines à venir, car les symptômes peuvent resurgir longtemps après le choc. »
Une enfant d’Eguilles
L’émotion est tout aussi vive à Eguilles, petit village à côté d’Aix-en-Provence. Le maire Robert Dargone (LR), a appris la nouvelle dimanche soir : « Pardonnez mon émotion, je connais très bien la famille. Je viens de rencontrer la maman avec le commandant de gendarmerie », explique l’édile en retenant ses larmes. Il pleure une enfant du village.
Mauranne, qui avait 20 ans, a grandi dans ce petit village, avant de partir étudier en fac de médecine à Marseille. « Nous sommes plongés dans une angoisse phénoménale, ici tout le monde se connaît. Ça se passe partout mais ça y est c’est arrivé ici, on est tous en deuil », ajoute Robert Dargone, maire depuis 22 ans. Même si la plupart des habitants ne sont pas encore au courant, le village est déjà plongé dans l’émotion.
Un rassemblement à 18h en sa mémoire
« Je l’ai appris à l’épicerie, les gens en parlaient, raconte Bernard, 58 ans. Que ce soit ici ou ailleurs, c’est malheureux, c’est une personne morte pour rien. » Devant l’épicerie, deux jeunes filles sont en pleurs. Le père, croisé dans la rue du domicile familial, préfère ne pas s’exprimer.
Pour que les habitants d’Eguilles puissent vivre ce moment de douleur ensemble, Robert Dargone a organisé un rassemblement à 18 heures. Près de 400 personnes se sont réunies devant la mairie. Peu avant que les sirènes ne sonnent, les proches de la famille ont rejoint le rassemblement. « Il vient de mettre en détresse plusieurs familles pour des générations et des générations », a déclaré le maire lors de son discours « Nous voulons dire à la famille qu’ils ont tout le soutien et la compassion des habitants », a-t-il conclu avant que la foule n’entonne la Marseillaise.
Jennifer, 20 ans, connaissait bien Mauranne. Elle était en primaire avec elle et partageait le même groupe d’amis. « C’était quelqu’un de très joviale, et travailleuse. Elle était investie dans beaucoup de causes, d’associations. Elle était toujours au service des autres », a-t-elle expliquée. Comme beaucoup, elle n’arrive toujours pas à réaliser qu’un petit village comme Eguilles puisse être touché de la sorte.