INTERVIEWA Marseille, «la logique d'un attentat», selon Jean-Charles Brisard

VIDEO. Attentat à Marseille: «On est parfaitement dans la logique d'un attentat», estime Jean-Charles Brisard

INTERVIEWLe président du Centre d’analyse du terrorisme et professeur à l’IEP de Strasbourg Jean-Charles Brisard analyse l’attaque qui a fait deux morts gare Saint-Charles, à Marseille
Jean Saint-Marc

Propos recueillis par Jean Saint-Marc

L'essentiel

  • L’attaque de Marseille a pu être « téléguidée » ou simplement « inspirée » par l’Etat islamique.
  • Dans les deux cas, elle répond à la « logique d’un attentat », selon l’expert Jean-Charles Brisard.

L’organisation terroriste Etat islamique a revendiqué l’attaque qui a fait deux morts, ce dimanche après-midi, gare Saint-Charles à Marseille. Selon l’expert du terrorisme Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme et professeur à Sciences-Po Strasbourg, cette attaque « correspond parfaitement à la logique d’un attentat. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Selon vous, la revendication par l’Etat islamique ne peut pas être une revendication opportuniste ?

Non, Daesh n’a jamais fait de revendication opportuniste.Daesh ne s’est jamais attribué un acte qui n’avait pas été commis par un de ses sympathisants. L’individu avait sans doute des liens avec des membres de l’organisation, on le saura plus tard.

Quel type de liens ?

Ça peut être une vidéo d’allégeance qui pourrait circuler, ça peut être un contact direct avec des membres de l’Etat islamique, qui sont sur zone, en Irak ou en Syrie. Manifestement, l’individu dans son mode opératoire applique les préconisations de l’Etat islamique.

C’est-à-dire qu’il s’est inspiré des recommandations de l’Etat islamique ?

Ça peut être un attentat inspiré ou un attentat téléguidé, avec un individu qui lui apporte des conseils sur la cible, le lieu à viser, le mode opératoire. Mais dans les deux cas, l’état islamique endosse l’acte de l’assaillant.

On peut donc qualifier son geste d’attentat ?

Bien sûr. Dans la définition française, un attentat, c’est la volonté de la part d’un individu de troubler l’ordre public par l’intimidation et la terreur. On est parfaitement dans la logique d’un attentat. Il cible un lieu public symbolique, dans un des pays de la coalition, il s’en prend à des civils… L’intention est bien celle d’un attentat.

« L’arme blanche, c’est entre guillemets la norme, l’arme la plus simple, qui produit un effet aussi dévastateur qu’une bombe. »

Il y a aussi une part d’improvisation dans son geste, notamment quand on voit l’arme utilisée, un couteau…

Effectivement, le schéma opérationnel n’est pas du tout le même que pour les attaques du 13 novembre ou les attentats de Bruxelles, avec des attentats projetés, préparés longtemps en amont. Là, il y a un passage à l’acte qui est plus soudain, ça peut être prémédité mais il utilise des armes rudimentaires, il n’y a pas la même préparation. La moitié des actes terroristes perpétrés en France depuis 2014 l’ont été à l’arme blanche. C’est entre guillemets la norme, l’arme la plus simple, qui produit un effet tout aussi dévastateur qu’une bombe : un effet de sidération.