DECHETSMais pourquoi les habitants de la région Paca sont-ils fâchés avec le tri ?

Environnement: Mais pourquoi les habitants de la région Paca sont-ils fâchés avec le tri sélectif?

DECHETSDepuis des années, la région accumule du retard en matière de tri des déchets…
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

L'essentiel

  • La région Paca enregistre un important retard en matière de recyclage et de tri.
  • Les associations pointent un manque d’engagement politique.
  • La question est désormais entre les mains du conseil régional.

Il suffit de jeter un coup d’œil sur les trottoirs. Des cartons entassés dans des poubelles pour les déchets non recyclables, à quelques mètres d’un container dédié… aux cartons. En région Paca, le recyclage est à la traîne depuis des années. La région est pourtant une grosse productrice de déchets. Comment expliquer que le tri sélectif ne soit pas rentré dans les habitudes de tous ?

Un retard de longue date. Il suffit de quelques recherches sur Internet pour le constater. Des articles de presse publiés en 2010 font déjà état d’un retard certain de la région Paca en termes de réduction des déchets et de tri. A l’époque, 32 kilos de déchets sont recyclés par an et par habitant, alors que la moyenne nationale est de 46 kilos.

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La tendance est désormais à la baisse, mais ce retard était tel qu’il reste d’actualité. Ainsi, en 2014, les habitants de la région PACA ont trié, en moyenne, 31 kg de déchets par an, contre 43 kg dans le reste de la France. En Bretagne même,champion de France en la matière, chaque habitant avait permis de trier 68 kilos de déchets en 2015 !

Un manque d’équipement Dans un document remis à la région Paca, l’association France Nature Environnement Paca ( FNE Paca) déplore notamment « un niveau très insuffisant de réduction à la source, de tri et de recyclage ». En effet, dans certains quartiers de Marseille, il est même nécessaire de prendre son véhicule pour pouvoir déposer ses ordures recyclages dans les containers. La FNE Paca note également « un maillage territorial insuffisant dans certains territoires concernant les déchetteries », comme dans le Var, où la déchetterie la plus proche est parfois à 50 kilomètres.

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Or, une étude réalisée par l’Observatoire du geste de tri mené pour Eco-Emballage (aujourd’hui Citeo) en juin 2014 montre que 58 % des trieurs systématiques le font dans un point situé à deux minutes de leur domicile, contre 39 % de trieurs systématiques qui mettent plus d’un quart d’heure à rejoindre ces lieux de collecte.

Un système pas assez incitatif. Pour changer profondément les mentalités, certains en sont convaincus : il faut toucher au porte-monnaie. Ainsi, dans d’autres régions de France, la taxe d’ordures ménagères est indexée sur la production de déchets, tandis qu’elle est toujours fonction de la valeur locative en Paca. « Pourtant, en Languedoc-Roussillon et en Rhône-Alpes, ça se fait et ça marche ! », lance Amanda Bouard, chargée de mission Déchets à la FNE PACA.

Pendant un an et demi, la mairie de Châteauneuf-les-Martigues a décidé non pas de piocher dans le porte-monnaie, mais de valoriser les trieurs. Dans le cadre d’une expérimentation menée par la Métropole, la commune a testé le système Cliink. Le principe ? Grâce à une carte ou une application, les trieurs accumulent des points en fonction du volume de verre jeté dans le container. En échange, ils obtiennent des bons d’achat chez des commerçants et artisans locaux. Résultat ? A Châteauneuf-les-Martigues, la progression des dépôts 2017 par rapport à 2016 entre janvier et mai a augmenté de 79 % selon les chiffres communiqués par la municipalité à 20 Minutes. Une généralisation de ce système à l’ensemble de la métropole est à l’étude.

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Des politiques à la traîne ? Jusqu’ici, la question des déchets était majoritairement entre les mains des conseils départementaux. S’ensuivaient des disparités d’un conseil général à l’autre. « Ce ne sont pas les mêmes couleurs de poubelles par exemple, note Amanda Bouard. On ne dit pas de tout remplacer maintenant, mais en changeant régulièrement le parc, on peut viser à termes une harmonisation. Or, plus ce sera harmonieux, plus on aura une chance d’être efficace. »

Et de poursuivre : « Dans la prévention et gestion des déchets, il faut une volonté politique forte, et ce n’est pas ce qu’on a eu ici. Certaines collectivités territoriales ont fait un travail, mais c’est le système entier qui doit favoriser ce cercle vertueux. »

Un changement en perspective ? Mais la législation pourrait changer la donne. La loi NOTRe confie désormais la politique de planification des déchets au conseil régional. Un plan régional sur le sujet est en cours d’élaboration, pour une entrée en vigueur en 2019. Plusieurs pistes de réflexion sont étudiées. « Près de 40 % des déchets ménagers sont produits par les acteurs économiques, explique ainsi la conseillère régionale Anne Claudius-Petit. Nous allons travailler pour mieux collecter les déchets de ce type d'acteurs.»