PRISONDes détenus dénoncent une nouvelle fois «l'enfer des Baumettes»

Marseille: Des détenus dénoncent une nouvelle fois «l'enfer des Baumettes»

PRISONLa prison des Baumettes est connue pour ses conditions de détention, au point que des détenus tenteraient de se sucider pour y échapper...
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Des détenus auraient fait des tentatives de suicide pour dénoncer les conditions d’accueil.
  • Un détenu s’est suicidé le 10 août alors qu’il était suivi psychiatriquement et connu pour être suicidaire.

Souvent sur la sellette en raison de ses conditions de détention, la vieille prison des Baumettes de Marseille ( Bouches-du-Rhône) a vu sa petite sœur, les Baumettes II, ouvrir en mai dernier. Déjà délaissé, le bâtiment ne cesserait de se détériorer, et avec lui les conditions d’accueil. Une situation dénoncée par certains détenus, alors que le bâtiment ne sera pas détruit avant l’été 2018, au mieux.

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« La prison ne punit plus, elle tue !, assène Abdelhalim Trazie-Bi, emprisonné aux Baumettes. Ce jeune de 22 ans dit avoir fait trois tentatives de suicide en moins d’un mois. « Quand Abdelhalim s’est coupé les veines, les surveillants ont mis une éternité avant d’intervenir et ont considéré que ce n’était pas grave », assure Samy Miout, son codétenu.

Grève de la faim

Rats, absence de fenêtre, présence de staphylocoque doré, escalier qui s’effondre, télévision qui explose, les conditions décrites par les deux détenus sont épouvantables. Depuis le 22 août ils ont entamé une grève de la faim, que Samy a finalement stoppée le 28 août. Il dénonce :

« Quand on leur a annoncé qu’on faisait une grève de la faim, les surveillants sont venus retirer le frigo. Quand on leur a annoncé qu’on faisait une grève de la soif, ils nous ont coupé l’eau. On ne pouvait même plus se laver. »

Entre le 22 août et le 28 août, ils affirment n'avoir consulté aucun médecin.

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Samy se dit prêt à tout pour changer de prison, même à un transfert disciplinaire. « J’ai fait plusieurs prisons, Rennes, Le Mans, Nantes, et même en Espagne. Je n’ai jamais vu de telles conditions », ajoute-t-il. Abdelhalim, lui, assure « ne tenir qu’avec des perfusions d’eau sucrée. Je suis anéanti, je tiens à peine sur mes jambes. Je n’ai qu’une envie, mettre fin à mes jours. »

Suicide par pendaison

Le cas d’Abdelhalim est loin d’être isolé ont assuré la Ligue des droits de l’homme et l’ONG Confluence lors d’une conférence de presse mercredi matin. Bilal Elabdani, 20 ans, s’est suicidé par pendaison aux Baumettes II le 10 août dernier. « Dès son placement en garde à vue les parents ont indiqué que leur fils était bipolaire et suicidaire. Ils l’ont à nouveau répété lors de l’enquête sociale préalable à toute comparution immédiate », précise Jerôme Pouillaude, l’avocat de la famille de Bilal.

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Alors que l’administration des Baumettes avait déclaré à 20 Minutes avoir suivi la procédure normale, l'avocat a déposé plainte pour homicide volontaire contre X, et espère qu’une instruction sera ouverte par un magistrat indépendant.

« Des tentatives de suicide tous les mois »

Selon Rabha Attaf, membre de l’ONG Confluence, d’autres suicides n’auraient pas été rendus publics. L’administration des Baumettes dément, mais admet que « des tentatives de suicide arrivent tous les mois ».

La conférence de presse commune entre la Ligue des Droits de l'Homme et l'ONG Confluence.
La conférence de presse commune entre la Ligue des Droits de l'Homme et l'ONG Confluence.  - Adrien Max / 20 Minutes

Laurent Bartolomei, avocat au barreau de Marseille, rappelle que dès son ouverture, les Baumettes II étaient déjà en surpopulation. « Les problèmes principaux relèvent des accès aux soins, notamment psychiatriques, d’où certains passages à l’acte. La question de la prévention du suicide est aussi fondamentale, a-t-il déclaré. Contactée par 20 Minutes, la direction des Baumettes a déclaré « accorder une interview à l’AFP dans la soirée ».