INFOGRAPHIE. Marseille: Pourquoi fraude-t-on toujours autant dans les transports?
TRANSPORTS•La RTM étudie de nouvelles possibilités pour, enfin, faire reculer le nombre de fraudeurs…Mathilde Ceilles
Un usager qui saute le portillon, un autre qui entre dans le tramway sans acheter de ticket… Chaque Marseillais qui emprunte régulièrement les transports en commun de la RTM a déjà vécu cette situation. Et pour cause : selon les études statistiques de la RTM, la fraude ne cesse d’augmenter année après année sur le réseau de transports en commun marseillais.
Elle reste toutefois dans la moyenne nationale, chaque réseau publiant régulièrement son taux de fraude « apparent ». Ce taux correspond aux fraudes constatées visuellement et par comptage manuel par les équipes de contrôle sur les sites.
aLa fraude dans les transports en communInfogramMais le réseau RTM préfère communiquer sur le taux de fraude dite dure, qui comprend également le résultat statistique issu de 35.000 enquêtes anonymes administrées par des enquêteurs indépendants auprès de la clientèle. Par cette méthode, la RTM estime que, chaque jour, 209.000 voyages ont été fraudés en 2016, soit 23.5 % des voyages. Un chiffre en hausse de 3.9 % par rapport à 2009, et qui constitue un manque à gagner de 23,5 millions d’euros. Chaque année, la fraude augmente de 0,5 à un point selon la RTM. Mais pourquoi ? Si personne n’a la réponse avec certitude, plusieurs pistes sont évoquées.
Un problème d’infrastructure ? Dans le métro marseillais, les premières stations ont été équipées de portillons, les autres de portiques, dont on avait un temps envisagé la généralisation pour réduire la fraude. « Le problème, c’est qu’avec les valideurs traditionnels, ça saute, et avec les valideurs anti-fraude, quelqu’un vous suit de près », déplore Pierre Durand, directeur général adjoint en charge de l’exploitation à la RTM. Un système de portique doublé d’un portillon est donc à l’étude.
La RTM a également conscience que le caractère défectueux d’une partie de ses systèmes, notamment de paiement, ne lui favorise pas la tâche. « Nous avons un travail de fiabilité du matériel de vente à faire, via notamment la maintenance préventive, reconnaît Pierre Reboud, directeur général de la RTM. Il faut aussi faciliter la validation, face à des valideurs qui ne marchent pas ou des portails anti-fraude ouverts… »
Une histoire de prix ? Un nouveau tarif avantageux — 9,90 euros par mois —, à destination du jeune public en difficulté a été récemment mis en place, pour que les fraudeurs, majoritairement jeunes, n’aient « plus d’excuse » selon Jean-Pierre Serrus. « A 30 centimes par jour, on n’arrivera pas à me faire croire qu’il existe une barrière du tarif », martèle l’élu LR à la métropole en charge des transports.
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Un manque de répression ? Pour l’heure, seuls 115.000 PV sont établis par an par les 170 agents qui travaillent chaque jour à cet effet, soit une moyenne de 315 PV par jour avec un taux de recouvrement de seulement 20 %. La RTM prévoit en réponse de mener des actions « coup de poing » ciblées sur des secteurs stratégiques. Ainsi, aux stations Vieux-Port, Castellane, Saint-Charles et Sainte-Marguerite Dromel, des agents vont être disposés à l’entrée en « ligne de péage » avec des contrôles à la sortie. Le montant de l’amende administrée à une personne sans ticket a été également augmenté et passe désormais à 100 €.
Une question de mentalité ? « Marseille est une ville laxiste, et la fraude est une vieille tradition marseillaise », affirme Claude Jullien, vice-président de la Fnaut Paca, association d’usagers des transports en commun. La réputation des Marseillais a la vie dure. Mais en matière de transports en commun, le phénomène serait plutôt d’ampleur national, puisqu’une enquête de l’union des transports publics menée en 2016 montre que 52 % des personnes interrogées jugent la fraude « acceptable ». La RTM intervient ainsi dans plusieurs écoles pour tenter de convaincre dès le plus jeune âge de ne pas frauder.