Incendies dans le Sud-Est: Contre les feux, la Région Paca compte sur ses jeunes patrouilleurs
REPORTAGE•Alors qu’une partie du Var est ravagée par les flammes, plusieurs jeunes parcourent la région Paca pour sensibiliser au risque d’incendie…Mathilde Ceilles
L'essentiel
- La région Paca fait face à des incendies à répétition
- Pour prévenir les risques, elle a mis en place le dispositif « Jeunes en forêt »
- Ces jeunes sensibilisent le public aux risques et les renseignent.
Alors qu’elles viennent de prendre leur poste, près de la table d’orientation des Baux-de-Provence dans les Bouches-du-Rhône, Juliette et Laura tombent nez à nez avec une famille de vacanciers allemands, en train de prendre leur petit-déjeuner après avoir passé la nuit dans un van dans ce cadre idyllique.
Oui mais voilà, le massif des Alpilles où se trouvent ces touristes est classée en zone « noire » depuis plusieurs jours par arrêté préfectoral. Autrement dit, toute présence en ces lieux est strictement interdite. Juliette et Laura les informent donc et les invitent à partir rapidement. « C’est pas le rôle le plus cool mais on est là pour les informer », note Laura sous sa parka.
Renseigner… et parfois interdire
Les deux jeunes filles sont en effet, le temps d’un été, agents de prévention et de sensibilisations aux incendies de forêt. Elles font partie de la dizaine de jeunes saisonniers embauchés au Parc naturel régional des Alpilles dans le cadre du dispositif « Jeunes en Forêt » mis en place depuis onze ans par la région Paca dans plusieurs massifs du territoire. Objectif : prévenir le risque d’incendie tout en proposant un emploi saisonnier aux jeunes du coin. Depuis plusieurs années, et cet été encore, la région Paca fait face à des incendies à répétition, parfois de grandes ampleurs, comme celui qui a touché ce week-end le Var.
Alors, malgré le froid, la pluie ou la canicule, tout l’été, Juliette et Laura sont fidèles au poste. Les jeunes filles alertent les autorités à la moindre suspicion d’incendies, vont à la rencontre des passants pour les renseigner sur les curiosités touristiques locales, mais aussi et surtout pour les sensibiliser aux potentiels dangers de feux. Quitte à interdire l’accès conformément aux décisions de la préfecture, disponibles sur Internet. Il y a évidemment ceux qui ne sont pas au courant et qui, après quelques explications, rebroussent chemin.
Mais il y a aussi ceux qui, bien qu’informés, tentent leurs chances, malgré les panneaux indiquant clairement l’interdiction… avant de tomber sur les jeunes patrouilleurs. « Hier, on a aperçu un vététiste qui montait dans le massif par un petit chemin, rapporte Vincent Salün, chef d’équipe de ces dix agents. Le massif était interdit d’accès. Il était au courant mais il a quand même essayé… Après avoir parlé quelques minutes, il a fait demi-tour. »
Pas de pouvoir de police
Un comportement dangereux, quand on sait les conséquences que cela peut avoir si un feu éclate. « S’il y a une présence humaine près d’un feu, les Canadair ne peuvent pas intervenir par exemple », déplore Laëtitia Baudry, chargée de mission Communication auprès du Parc. Les journées classées noires comme aujourd’hui sont donc synonymes d’appréhension et de stress pour ces jeunes. Car ne pouvant couvrir tout le massif, ils sont placés à des « hotspots » entre 9 h 45 et 16 heures.
De plus, ils n’ont aucun pouvoir de police. Et le van des touristes allemands tarde à partir. « On ne peut pas leur mettre non plus un coup de pied ! », s’amuse Juliette. Une voiture de gendarmerie s’approche des deux jeunes filles. « Vous avez vu ? ». Les jeunes filles acquiescent et font part aux militaires de leur précédente conversation avec les campeurs. Quelques minutes plus tard, c’est donc escorté de la police municipale et de la gendarmerie que le van sort de la zone interdite, où ses propriétaires risquaient une amende de 135 euros.
Un cas plutôt rare si on en croit Juliette. « Je m’attendais à rencontrer plus de situations de conflit, mais les personnes sont agréables et compréhensives. » Dans les Alpilles, ce dispositif de 126.000 euros a permis la sensibilisation de 400.000 personnes depuis 2006.