Rentrée scolaire à Marseille: Le casse-tête des CP dédoublés
EDUCATION•Un temps évoqué, la séparation des classes de CP par une cloison a été abandonnée, au profit d'autres solutions...Mathilde Ceilles
C’est l’un des grands changements de la rentrée 2017. Comme l’a souhaité Emmanuel Macron, dès lundi, les classes de CP en zone d’éducation prioritaire renforcée (REP +) ne devront excéder le nombre de douze élèves. A Marseille, 72 écoles sont concernées par cette mesure.
Mais avant les vacances scolaires, la mairie se retrouvait face à un casse-tête : comment ouvrir des classes dans une ville où le nombre d’écoles est d’ores et déjà insuffisant et où la jeune population ne cesse de croître ? A la mi-juin, le maire Jean-Claude Gaudin avait même évoqué la possibilité d’installer des cloisons dans les classes afin de les séparer.
Les cloisons ? « Une absurdité »
Une option qui visiblement n’enchantait pas les enseignants. « Nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’inspection académique et nous avons interrogé les enseignants sur leurs préférences, précise Danielle Casanova, adjointe aux affaires scolaires et ils ont préféré avoir une classe entière. Dans certains apprentissages, le groupe de 12 enfants n’est pas assez dynamique… »
« Les cloisons ? Surtout pas ! C’est une absurdité », s’exclame Annie Caucci, enseignante en CP en Rep + à l’école Kleber, dans le troisième arrondissement. Les enseignants craignaient en effet le manque d’isolation phonique. Et à la professeure des écoles de préciser : « Ceux qui ont proposé cela ont oublié ce que c’est une école et une classe. On ne peut pas faire deux classes dans une même salle. Ici, on n’a pas les locaux pour. Quand un fait chorale, l’autre fait mathématiques, ce n’est pas possible ! »
237 CP auront leurs propres locaux
Cette enseignante travaillera donc cette année dans cette classe en binôme avec une collègue. « On a décidé que chacune serait référente pour les parents d’un groupe de douze élèves mais on va beaucoup travailler ensemble. » La mairie s’est engagée de son côté à fournir deux tableaux et deux bureaux dans ces classes de deux instituteurs.
Mais ce cas reste plutôt rare à Marseille, puisque 237 classes, soit 84 % des CP concernés, accueilleront 12 élèves dans une salle dédiée. La mairie a alors investi des salles réservées jusqu’ici aux réunions ou à des ateliers artistiques par exemple, en concertation, assure-t-on, avec les directeurs d’école. La situation demeure toutefois tendue, car la municipalité s’inquiète d’ores et déjà de l’extension de la réforme aux CE1 en 2018. « Nous allons faire remonter par la voie hiérarchique que ce n’est pas possible », assure Danièle Canasova.
Du côté des syndicats, l’heure est à la prudence. « J’attends de voir la taille des salles », tempère Claire Billes, secrétaire départementale du Snuipp des Bouches-du-Rhône. La représentante syndicale a une inquiétude : « On ne peut pas créer 140 postes de CP sans moyen. On a pris les postes essentiellement chez les remplaçants et très peu recruté en liste complémentaire. On est donc obligé de prendre dans les existants. On nous dit qu’il y aura une soixantaine de postes vacants, mais au vue des remontées, on craint que ce soit plus. Et les classes des autres niveaux que le CP se retrouvent très chargées. » Ce lundi, pas moins de 77.000 petits Marseillais prendront le chemin de l’école.