Mercato: L'OM s'offre un demi Mitroglou? On décrypte ce montage un peu flou
MERCATO•Apparemment, l'OM n'a acheté que 50% des droits économiques de l'attaquant Kostas Mitroglou. Le Benfica Lisbonne garderait le reste...Jean Saint-Marc
L'essentiel
- L'OM a-t-il trouvé son «grand attaquant» ? Dans les dernières heures du mercato, Marseille a recruté l'avant-centre de Benfica Kostantinos Mitroglou.
- Le montage financier pour le faire venir est un peu complexe.
C’est l’été de tous les montages financiers. Ceux du PSG, avec le Qatar pour Neymar, avec (sans doute) un prêt étrange pour Mbappé, ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Celui réalisé par l’OM pour faire signer l’attaquant grec Konstantinos Mitroglou passe, pour l’instant, plus inaperçu. Il n’empêche que le procédé est intrigant. Selon la presse portugaise et selon L’Equipe, l’OM a déboursé 15 millions d’euros pour acheter… 50 % des droits économiques du joueur. Qu’est-ce que ça veut dire ? En attendant l’officialisation et une communication pleine de transparence (hum) de l’OM, 20 Minutes a fait quelques recherches.
Est-ce que c’est bien légal, tout ça ? Oui, selon les experts que nous avons contactés. Ce qui est interdit par la FIFA, c’est la TPO, Third-party ownership (tierce propriété), avec une société extérieure qui détient une part des droits. « 50-50 entre deux clubs, ce n’est pas une TPO », martèle l’avocat Thierry Granturco. Pour l’instant, tout ça est logique et (à peu près) clair.
Est-ce que c’est la même chose qu’une clause de 50 % à la revente ? Non. Si c’est bien l’option des 50 % des droits économiques qui a été retenue (à l’heure où l’on écrit ces lignes, les deux clubs n’ont pas communiqué officiellement), le dispositif est plus complexe que celui du pourcentage à la revente. « Le club vendeur obtiendra 50 % du transfert suivant, mais aussi 50 % de toutes les recettes générées par le joueur, les recettes de merchandising, notamment », reprend Thierry Granturco. « La question, c’est qu’est-ce qui correspond exactement aux 50 %, s’interroge sa consœur Tatiana Vassine, elle aussi spécialisée en droit du sport. Par exemple, si on met aussi les droits à l’image du joueur, ça peut devenir un dispositif très complexe. »
Concrètement, quelles sont les conséquences pour l’OM ? Selon le très fiable quotidien portugais A Bola, les conditions d’une revente de Mitroglou ont été clairement établies par les deux clubs : « A partir du 1er juillet 2018, l’OM sera obligé de rembourser à Benfica la moitié de la valeur d’un éventuel transfert. Le contrat stipule également que si Marseille bénéficie d’une proposition égale ou supérieure à 30 millions d’euros, il faudra accepter ou compenser la moitié de ce montant. »
Une disposition qui étonne maître Thierry Granturco : « Il faut que cette clause soit super-encadrée, sinon ça représente un gros risque juridique. » Le risque que l’OM soit obligé de laisser filer son avant-centre cet hiver, par exemple. Alors OK, le montant semble élevé. Mais toute comparaison gardée, le Barça ne pensait-il pas que la clause de 222 millions d’euros empêcherait le transfert de Neymar ?
Pourquoi l’OM a accepté un deal pareil ? La réponse tient en quatre mots : « Dernier jour du mercato. » Décidé à vendre son attaquant, Benfica, qui l’a proposé à l’OM, ne comptait pas pour autant le brader. Les négociations, express, ont quand même été tendues, et même interrompues plusieurs heures, selon L’Equipe. Benfica demandait plutôt 20 millions d’euros pour son avant-centre de 29 ans, auteur de 27 buts l’an dernier. L’option 15 millions maintenant + de l’argent plus tard les a décidés.
Pour Marseille, c’était l’ultime chance de faire venir un deuxième attaquant, indispensable pour atteindre ses objectifs dans les quatre tableaux. Sauf qu’en économie, on dit qu’il y a généralement un gagnant et un perdant à la signature d’un contrat…