ARCHÉOLOGIEA Marseille, la mobilisation continue pour sauver le «berceau de la ville»

Site antique de Marseille: La mobilisation continue pour sauver le «berceau de la ville»

ARCHÉOLOGIELe site antique de la corderie, où doit se construire un immeuble du groupe Vinci, continue de mobiliser habitants et politiques pour sa préservation…
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Alors que la ministre de la culture, Françoise Nyssen, a décidé de classer une partie du site antique de la corderie, le promoteur Vinci n’a pas hésité à commencer les travaux.
  • Face à la mobilisation des habitants, les travaux sont repoussés. Une réunion d’explication sur la définition de la zone protégée doit avoir lieu le 31 août.

Pas de vacances pour les défenseurs de la carrière antique de la Corderie. Depuis l’annonce du projet de construction d’un immeuble sur le site d’une carrière antique dans le quartier de Saint-Victor, dans le 7e arrondissement de Marseille, les habitants ne cessent de se mobiliser.

Ils veulent à tout prix préserver ces vestiges, qui dateraient du Ve siècle avant J-C pour les plus vieux, et faire annuler le projet de construction du groupe Vinci.

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Devant cette mobilisation, Françoise Nyssen, la ministre de la Culture, avait reçu à la mi-juillet une délégation emmenée par Jean-Luc Mélenchon, le député de la 4e circonscription, et des habitants. A la suite de cette rencontre, la ministre de la Culture s’était engagée à préserver 650 m2 de ces vestiges, sur une surface totale de 4.000 m2. Pourtant, cet épineux dossier n’a cessé d’occuper les devants de la scène durant tout l’été.

Une pelleteuse sur le site antique

Malgré cette annonce, le promoteur Vinci n’a pas hésité à poursuivre les travaux, à la stupeur générale. Sandrine Rolengo, habitante qui faisait partie de la délégation reçue par Françoise Nyssen, explique :

« « Le 2 août, des employés de Vinci sont venus installés des poteaux pour délimiter une zone, et le lendemain ils ont envoyé une pelleteuse pour commencer les travaux. » »

Une incompréhension totale pour cette habitante. « La ministre explique qu’elle classera une partie du site à l’automne, et eux commencent leurs travaux alors qu’on ne sait même pas ce qui doit être classé », s’agace-t-elle.

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Du côté de la préfecture, on assure que les 650 m2 qui seront classés à l’automne ont déjà été définis, et que les travaux engagés au début du mois visaient justement à délimiter cette zone. Ce que ne croient pas les habitants. Seule solution pour éviter ce drame archéologique, faire face à la pelleteuse. Le 4 août au petit matin, plusieurs opposants au projet immobilier ont investi le site de la carrière antique. A l’arrivée des ouvriers de Vinci, ils les ont empêchés d’accéder au lieu. Une petite victoire pour ces défenseurs de l’histoire de Marseille.

Travaux repoussés

Face à cette situation et sur demande de Claire Pitollat, députée de la zone, le préfet, Stéphane Bouillon, organisera une réunion le 31 août prochain entre les différentes parties du dossier : les élus concernés, les habitants, la direction régionale des affaires culturelles (Drac), le constructeur et les comités d’intérêt de quartiers (CIQ). D’ici là, les travaux sont stoppés. « Elle aura pour but d’expliquer le dispositif de conservation élaboré par le service régional de l’archéologie de la DRAC et de permettre le démarrage des travaux en toute connaissance de cause », explique le communiqué.

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Si les habitants se félicitent d’avoir retardé les travaux, ils savent très bien que leur combat est loin d’être gagné. « Certains veulent l’annulation pure et dure du permis de construire pour sauvegarder le site dans son ensemble, mais aux vues des enjeux économiques du projet, ce sera très compliqué », prévient Jean-Claude Rostain, président des CIQ du 7e arrondissement. Il considère qu’une solution dans laquelle le projet immobilier intégrerait la sauvegarde des vestiges serait plus judicieuse. « Plutôt que de construire les garages au rez-de-chaussée, pourquoi ne pas y construire un musée et disposer les garages au 1er étage ? », demande-t-il.

Le berceau de la ville

Jean-Noël Bévérini, un historien qui suit de très près ce dossier, pointe du doigt un autre problème :

« « La réunion du 31 août a pour but de nous informer sur le dispositif élaboré, mais ce que nous voulons c’est une concertation, pas des explications sur les choix qu’ils ont faits sans notre avis » »

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Pas sûr donc, que cette échéance ne parvienne à satisfaire toutes les parties dans ce dossier au combien symbolique, comme l’explique l’historien. « Les archéologues estiment que la partie la plus ancienne du site pourrait même dater du VIe siècle avant J-C, ce qui en ferait le berceau de la ville. C’est de cette carrière qu’ont été extraites les premières pierres qui ont servi à construire Massalia, l’ancienne Marseille. » Et selon lui, on ne détruit pas un berceau, on le protège, on entretient et on le valorise. Car le berceau soutient l’histoire.