URBANISMELes restaurants de plages de Marseille avalés par le projet de la maire

Marseille : Les restaurants de plages avalés par le projet de la mairie

URBANISMEAprès la destruction des restaurants sur la plage des Catalans, ceux de la Pointe Rouge devraient subir le même sort à l’automne prochain…
Adrien Max

Adrien Max

L'essentiel

  • Les restaurateurs de la plage de la Pointe Rouge ont reçu une mise en demeure pour la destruction des bâtiments en dur sur la plage
  • La mairie de Marseille souhaite récupérer la concession des plages de la ville, alors gérée par l’Etat

«Chez Dédé », le « Vamping », le « Calypso », et bientôt le « Lagon Bleu », « l’Escale » ou le « Pédalo ». Autant de restaurants synonymes de repas les pieds dans l’eau sur les plages marseillaises. Pourtant ce sera bientôt de l’histoire ancienne pour les habitués de ces lieux emblématiques. Depuis 2014, la mairie tente de récupérer la gestion des plages de la ville, gérées jusqu’à présent par l’Etat. Dans cette optique, les services de l’Etat font appliquer la loi littorale adoptée en… 1986. Chaque restaurant empiétant sur le domaine public maritime (DPM), avec une construction en dure, est rayé de la carte.

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Ce fut le cas de « Chez Dédé », sur la plage de la Verrerie (8e arrondissement) avant que ce ne soit au tour du « Calypso », sur la plage des Catalans (7e arrondissement), au printemps 2016. Tout cela dans le but de récupérer des plages vierges pour la mairie.

Huit restaurants concernés

Si l’on en croit la mise en demeure envoyée jeudi dernier par la préfecture aux restaurateurs de la plage de la Pointe Rouge à Marseille, leur sort semble tout aussi scellé. « La démolition des dépendances de votre établissement devra être engagée pour s’achever au plus tard le 31 octobre 2017. », détaille-elle. Pour résumer, toutes les constructions en dur qui dépassent sur la plage doivent être rasées. Les cuisines, sous la route, ne sont pas concernées. De quoi rendre fou de rage les huit restaurateurs présents sur cette plage des quartiers sud.

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Cyrille Rebuffat, propriétaire de l’Escale, un restaurant de la Pointe Rouge, et membre de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie ne comprend pas cette décision. « On discutait avec la mairie du futur aménagement de la plage et cette mise en demeure nous tombe sur la tête », explique-t-il. Selon lui, derrière la volonté de « rendre la plage aux Marseillais », il y a surtout l’appât du gain. Après avoir récupéré la gestion des plages, la municipalité veut procéder à des appels d’offres pour les futurs exploitants. Cyrille précise :

« « Si on se base sur ce qu’ils ont fait à la plage des Catalans pour remplacer le Calypso, le loyer devrait être multiplié par cinq. Et je ne suis même pas sûr de le remporter, je me retrouverai avec 100m2 de cuisine que je ne peux pas exploiter. » »

Il va même plus loin : « La mairie négocie pour payer la même chose à l’Etat que ce que je paye actuellement. La différence de loyer que je devrais payer ira directement dans leurs poches. » Il met en avant les enjeux économiques du dossier : les huit restaurants génèrent un chiffre d’environ 3 à 5 millions d’euros par an, et surtout ils emploient près de 100 salariés.

Une Côte d’Azur bis

Plus que des chiffres, ce sont surtout des symboles. La plage de la Pointe Rouge reste une plage populaire essentiellement fréquentée par des Marseillais et quelques touristes. « Les prix qu’on pratique restent abordables, surtout pour une plage. On n’est pas sur la Côte d’Azur ici. », prévient Cyrille. Ça semble pourtant être la volonté de la mairie : faire des plages marseillaises à l’image de la Côte d’Azur avec des emplacements privés et des transats.

Sur la plages des Catalans
Sur la plages des Catalans - A.Rancoule / 20 Minutes

La préfecture soutient le projet de la ville, c’est pourquoi elle a envoyé ces mises en demeures. Selon Nicolas Chomard, chef du service mer et environnement de la direction départementale de la mer et des territoires (DDTM), il faut avant tout revenir à une situation normale. « Ces restaurants disposaient d’autorisations d’occupation temporaire, dont ils ne respectaient pas le cadre. Beaucoup d’entre eux dépassent sur la plage de 20 à 50 m2 en plus de ce qu’on les avait autorisés. », explique-t-il.
Il prévient également, si la préfecture devait en venir à une destruction de force, et donc l’ouverture d’une phase de contentieux, alors l’accès aux futurs appels d’offres de ces restaurateurs pourrait être remis en cause.