VIDEO. Handball: Alors, il en est où Florent Manaudou? Ça donne quoi sur un parquet?
HANDBALL•Ça donne que c’est pas mal du tout, mais qu’il y a encore du boulot…Jean Saint-Marc
L'essentiel
- En novembre, Florent Manaudou a mis sa carrière de nageur en pause pour se lancer à fond dans le handball, à Aix-en-Provence.
- Sept mois et une demi-saison plus tard, 20 Minutes fait le bilan de ses débuts avec ses coachs et ceux qui l’ont croisé sur les parquets de Nationale 2 (4e division).
L’époque des conseils de classe et des bulletins de notes est en train de se terminer, dans les collèges. Mais ce n’est pas grave, on va jouer les prolongations pour évoquer la saison de Florent Manaudou au PAUC (Pays d’Aix Université Club). Parce que nous médias avons beaucoup écrit sur cette reconversion/parenthèse dans la carrière du champion olympique du 50 m. Sans forcément évoquer l’aspect purement sportif des choses. C’est parti, avec l’aide de plusieurs techniciens qui l’ont suivi cette saison.
La défense : de très bonnes bases. Placé au poste de pivot, le plus simple pour rattraper ses lacunes, Florent Manaudou a d’abord surtout été utilisé en défense. « Dès le début, il se débrouillait très bien sur ces phases-là », relate l’entraîneur de la réserve Mirza Saric. Manaudou avait de beaux restes de ses jeunes années sur les parquets de hand. Et une musculature (1,99 m, 99 kg) qui en impose. « C’est compliqué de le contourner », sourit Arnaud Chasset, directeur sportif du CS Marseille Hand, une des dernières équipes à avoir croisé les Aixois en N2 cette saison.
aLe physique : exceptionnel. « Le PAUC a très bien géré cette histoire, par rapport à tout le tapage médiatique, reprend Chasset, en voisin. Ils n’ont pas brusqué les choses, ils lui ont laissé le temps de renforcer ses appuis avant de le lancer ». Taillé « comme un nageur » à son arrivée au club en novembre, Manaudou a musclé ses jambes et ressemble de plus en plus à un handballeur. Le champion olympique, qui n’a pas donné suite aux sollicitations de 20 Minutes pour ce papier, reprend l’entraînement fin juillet, comme le reste de l’équipe. Il bénéficiera juste de quelques jours de congés pour aller commenter les Mondiaux de Budapest. « J’ai hâte de voir ce que ça va donner avec une préparation complète », s’enthousiasme Saric.
La gestuelle du buteur : peut mieux faire. Avec ses 15 buts en 10 matchs, Florent Manaudou se classe… 129e meilleur buteur de la Poule 6 de Nationale 2, qu’Aix a bouclé dans le ventre mou. En gagnant peu à peu du temps de jeu, il est toutefois en net progrès dans ce secteur. « Au shoot, il n’a pas encore le geste parfait du mec qui joue depuis 10 ans ! Il a la puissance, mais pas forcément la précision », nuance Yoan Hovsepian, vice-président du groupe de supporters du PAUC (et entraîneur, joueur et arbitre amateur). « Je dirais qu’il n’a pas la laxité d’épaule nécessaire, détaille Arnaud Chausset. Ce relâchement qui te permet d’aller chercher la lucarne dans n’importe quelle position. C’est tout un réapprentissage. »
Le placement et la connaissance tactique : à travailler. Une culture tactique ne s’acquiert pas en une demi-saison. « Il a déjà énormément progressé, sur les déplacements, en attaque, il se débrouille de mieux en mieux », apprécie Saric. « Il n’a même pas un an de handball derrière lui… Il n’a pas la science de jeu, c’est normal, rappelle Chasset. Son placement n’est pas toujours idéal, il perd de précieuses secondes. »
Appréciation générale : avec les encouragements du jury. C’est le moment du conseil de classe où le proviseur prend enfin la parole. En l’occurrence, le boss, c’est Jérôme Fernandez, entraîneur de l’équipe première du PAUC (et légende du handball, accessoirement) :
« Aujourd’hui, c’est un vrai joueur de Nationale 2. Dans deux ou trois ans, il pourra jouer chez les pros. Peut-être pas en LNH, mais pourquoi pas en deuxième division. Aura-t-il la patience ? Je ne sais pas. S’il s’en donne les moyens, en quelques mois il peut redevenir un des meilleurs nageurs au monde. Ce qu’il ne sera sans doute jamais au hand ! »