Rugby: L'intense lobbying de Marseille pour faire venir le XV de France au Vélodrome
COULISSES•Les Marseillais rêvaient des All Blacks. Ce sera finalement l’Italie, mais en match officiel s’il vous plaît…Jean Saint-Marc
L'essentiel
- Cela fait plusieurs mois que les élus et les responsables du Vélodrome livrent d’intenses négociations pour faire venir le XV de France à Marseille
- Ils ont pu compter sur un allié de poids : le président de la FFR, l’ancien Toulonnais Bernard Laporte
Pour faire une métaphore rugbystique un peu facile, la venue du XV de France à Marseille n’est pas vraiment un essai fulgurant de 80 mètres, issu de l’inspiration géniale d’un brillant trois-quart. Non, c’est un essai collectif, de ceux qui se construisent pendant une multitude de temps de jeu et se terminent dans l’en-but en un maul lourd et brutal. « On a travaillé au corps », sourit Martin d’Argenlieu, directeur général de l’Orange Vélodrome.
Cela fait plusieurs mois que les gestionnaires du stade et la mairie de Marseille se battent pour faire venir le XV de France dans la cité phocéenne. D’abord, bien sûr, par la voie officielle : par courrier, la mairie et Arema, la société qui gère le Vél', se sont très officiellement portées candidates pour recevoir un test-match face aux All Blacks, en novembre 2017. Des lettres à l’argumentation serrée, dont voilà la substantifique moelle :
- Le rugby (et notamment le XV de France) marche bien à Marseille. « La venue des Fidji, en 2014, a été un record d’affluence pour un match avec une équipe des îles », assure d’Argenlieu.
- 2017 est une année importante pour le Vélodrome. Marseille capitale européenne du sport et les 80 ans du stade sont des événements sur lesquels capitaliser en matière de com'.
- Et puis mince, le Vélodrome, quoi ! Le plus beau stade d’Europe ! (selon la revue britannique FourFourTwo, des gens de bon goût) !
Mais vous vous en doutez, la voie officielle, ça ne suffit pas. Il a aussi fallu se battre en coulisses, faire un lobbying de chaque instant. « Disons qu’on a bien travaillé avec Bernard Laporte, résume Richard Miron, adjoint en charge des sports à la mairie. Je l’ai rencontré pendant sa campagne, il m’avait dit qu’il regarderait s’il était élu. »
Et il a regardé. En visite à Marseille début février, le nouveau président fait une déclaration d’amour en direction du Vélodrome, un stade qu’il a connu en tant que joueur, puis quand il entraînait le RC Toulon. Sur France Bleu Provence, Bernard Laporte évoque alors ce fameux test-match contre les All Blacks :
« L’équipe de France n’appartient pas aux Parisiens. Un match aller à Paris, le retour à Marseille, ce serait génial ! Il y a une âme à Marseille. J’adorais y venir avec l’Equipe de France. Et ce stade est magique. On a battu pratiquement tout le monde ici : les Blacks, l’Afrique du Sud, l’Australie ! " »
Changement de programme début avril : selon le Midi Olympique, c’est le Parc OL qui hériterait du test-match avec les Blacks. Scandale, déception, désastre ? Pas du tout. En sous-main, la Fédération et les Marseillais préparent une sortie par le haut. L’officialisation est tombée ce samedi, à l’occasion du piteux test-match contre l’Afrique du Sud. Pour la première fois, le XV de France va délocaliser un match officiel, du tournoi des VI Nations. Ce sera la rencontre contre l’Italie, le 23 février prochain.
« La cerise et le gâteau »
« Ça n’a rien d’un lot de consolation ! C’est la cerise ET le gâteau, c’est du très haut niveau », s’emballe Richard Miron, qui pronostique une ambiance de feu et un Vélodrome blindé, « avec les Italiens qui ne sont pas loin du tout pour venir. » Martin d’Argenlieu, qui en est déjà à caler les tarifs avec la FFR, parle lui aussi d’une « très grande satisfaction ». Avec la petite pique de celui qui a vu la raclée encaissée par les Bleus, ce week-end, en Afrique du Sud : « Et puis les test-matchs… »
La phrase restera en l’air : il faut garder d’excellentes relations avec la Fédération, qui cherche à tester les différents stades du pays, pour muscler son dossier de candidature pour la Coupe du monde 2023. Et secrètement, Martin d’Argenlieu rêve déjà d’instituer ce rendez-vous du tournoi des VI Nations : « recevoir l’Italie, tous les deux ans, ce serait pas mal, non ? »