Vaucluse: Face aux sangliers, la préfecture sort l'artillerie lourde
ANIMAUX•L’animal crée de nombreux dégâts, notamment chez les agriculteurs…Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Le montant des dégâts causés par le sanglier dans le département cette année s’élève à 250.000 euros
- L’agrainage participe à la prolifération des sangliers
Ils étaient 26 ce mardi matin, deux traqueurs et 24 chasseurs postés, à pister le sanglier dans les bois et les chemins depuis six heures du matin, dans cette région agricole du Vaucluse, tout près du Mont Ventoux. A Beaumont-du-Ventoux, le préfet du Vaucluse Bernard Gonzalez a pris part à une battue administrative visant à chasser cet animal, après que la parcelle d’un agriculteur a été visitée par un sanglier ces derniers jours. Au cours de quatre heures de chasse, deux animaux ont été abattus, portant à 220 le nombre de sangliers tués de la sorte dans le département. Avec une croissance exponentielle, le sanglier crée de nombreux problèmes… et conduit la préfecture à employer les grands moyens.
Quel est le problème ?
Le département du Vaucluse fait face à une explosion du nombre de sangliers, qui se traduit par une forte hausse des prélèvements autorisés. En 2014-2015, 7.719 sangliers avaient été prélevés, contre près de 13.000 cette année. En parallèle, l’animal fait de plus en plus de dégâts. « Chaque année, les sangliers viennent dans les parcelles et on a des soucis, témoigne Frédéric Charrasse, arboriculteur à Beaumont-du-Ventoux qui cultive depuis 20 ans cerises, abricots, prunes et raisins. Les mâles mangent les fruits, les laies cassent les branches et cela crée des pertes de récoltes sur 2-3 ans. » Selon les chiffres communiqués par la préfecture, le montant des dégâts causés par le sanglier dans le département cette année s’élève à 250.000 euros, soit presque trois fois plus que l’année passée.
Outre les dommages économiques dans les cultures, le sanglier représente un danger pour les automobilistes. « On a des voitures qui ont des pertes de contrôle inexpliquées, en ligne droite. Le sanglier est peut-être parfois une cause », explique Bernard Gonzalez, préfet du Vaucluse.
Comment expliquer cette prolifération ?
« C’est un problème général, les départements de Paca sont tous mobilisés là dessus », affirme Bernard Gonzalez qui voit en la pratique de l’agrainage une explication. Cette pratique, répandue depuis plusieurs années, notamment dans les campagnes, consiste à nourrir les animaux sauvages, et plus particulièrement le sanglier. Le hic ? Cet agrainage participe à la prolifération de l’espèce qui cause d’importants dégâts en raison de son nombre.
La gêne occasionnée ces dernières semaines s’explique aussi par les conditions climatiques. La sécheresse que connaît le département ces derniers jours pousse en effet les animaux à descendre de plus en plus bas dans la vallée pour trouver de la nourriture… jusqu’à investir les villages et fouiller les poubelles. Ainsi, il y a trois semaines, un groupe de sangliers a semé la panique après avoir investi la bourgade de Séguret, nécessitant l’intervention des autorités.
Quelles sont les solutions ?
Pour faire face au phénomène, la préfecture a sorti les grands moyens. Le préfet a tout d’abord autorisé par un arrêté le tir à l’affût. Pour les non-initiés, il s’agit de permettre le tir individuel depuis un poste fixe, une pratique utilisée par certains agriculteurs de la région. Car les premiers acteurs de cette lutte restent les chasseurs, mais cette tâche est inégalement effectuée dans le département, à tel point qu’on distinguerait des « points noirs » dans certaines communes selon la préfecture.
Bernard Gonzalez s’appuie enfin sur une véritable armée de chasseurs volontaires : les lieutenants de louveterie. Nommés par le préfet, ces bénévoles aident à la régulation et à la destruction des animaux comme les sangliers. Ce sont les premiers à intervenir en cas d’alerte donnée par un agriculteur. Ils décident également de la méthode à adopter pour éliminer l’animal à l’origine des dégâts : le tir de nuit ou la battue administrative sur un périmètre donné. Au nombre de onze l’année dernière, cette armada est désormais composée de 15 personnes pour faire face à la masse de travail.