Marseille: Des dizaines de classes supplémentaires à la rentrée... non sans inquiétude
EDUCATION•La mairie de Marseille fait face à une hausse démographique attendue, mais aussi à la moins prévisible volonté de Macron de dédoubler certaines classes..Mathilde Ceilles avec Adrien Max
C’est de notoriété publique : à Marseille, le nombre d’écoles est insuffisant face à une jeune population qui ne cesse de croître. Un article de Libération à l’origine d’une vive polémique avait même mis en lumière la situation il y a quelques années. Chaque jour, la mairie enregistre 54 nouvelles inscriptions. A la rentrée, pas moins de 1.000 élèves supplémentaires rejoindront les bancs des écoles de la cité phocéenne.
Alors, ce jeudi, lors d’une conférence de presse, c’est Jean-Claude Gaudin en personne qui a confirmé l’ouverture de 35 classes supplémentaires dès la rentrée 2017, avec notamment la construction de deux écoles dans les 8e et 14e arrondissements de Marseille. La mairie se dit prête depuis le mois de février, et l’annonce est conjointement applaudie par les syndicats d’enseignants et ceux de parents d’élèves. « On aurait préféré des écoles plus petites avec moins de classes », regrette toutefois Jean-Philippe Garcia, président du FCPE des Bouches-du-Rhône.
Le dédoublement des CP complique la donne
Le hic ? A la rentrée, les choses se compliquent. Le président de la République Emmanuel Macron et son ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer ont annoncé leur intention de dédoubler les classes de CP en Rep + dès septembre. A Marseille, où la situation est déjà tendue, pas moins de 150 classes sont concernées selon les chiffres communiqués par le rectorat d’Aix-Marseille à 20 Minutes.
« Nous sommes en train de travailler avec la mairie pour voir où le dédoublement est possible », fait-on savoir au rectorat. « Plus vite, le directeur académique dira et plus vite on verra ce qu’on peut faire », déclare de son côté Jean-Claude Gaudin, évoquant dans un sourire la possibilité de mettre des cloisons dans les classes.
L’inquiétude sur le terrain
Mais ça ne fait pas du tout rire Franck Neff, secrétaire départementale du Snudi-Fo. « D’un point de vue phonique, ce n’est pas possible ! Les deux maîtres ne vont pas donner le même cours en même temps, et quand un fera des maths, on entendra l’autre faire du français ! ». « Nos classes sont bien trop petites pour cela !, s’inquiète Séverine Gil, présidente du mouvement de parents d’élève MPE13. C’est stupide ! Dans certaines écoles, les enfants n’ont pas la place pour faire le tour du bureau ! Connaissant les contraintes d’espace, c’est inquiétant. »
« La mairie a commandé des tableaux pour une partie des classes, mais pour l’autre alors ?, s’interroge Claire Billes, secrétaire départementale du Snuipp des Bouches-du-Rhône. Il faut aussi des méthodes de lecture… et des locaux ! Quand on sait qu’à Marseille, on n’a pas de locaux pour faire des classes ordinaires, avec des classes supplémentaires, ça paraît compliqué ! »
« Là où ça n’est pas matériellement possible de dédoubler les classes, nous mettrons deux professeurs dans la même classe », assure le rectorat. Sur quatre ans, selon Danièle Casanova, adjointe aux affaires scolaires. une centaine de classes devrait ouvrir à Marseille.