PACA: Les herbes aromatiques plus chères que la truffe!
CONSOMMATION•Selon une étude d’une association de consommateur, le prix de certaines herbes aromatiques atteint celui de la truffe…
Adrien Max
L'essentiel
- Les prix des herbes aromatiques varient fortement en fonction des espèces et du contenant.
- Le prix de la ciboulette ou du basilic peut atteindre plus de 1 000 euros le kilo.
- La qualité des herbes de Provence varie énormément puisqu’il n’y a aucune réglementation.
Qui aurait pu imaginer de la ciboulette plus chère que de la truffe, ou du caviar ? C’est pourtant ce qu’a mis au jour l’association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV) dans une étude réalisée en mars et publiée en avril. Au total, 255 relevés ont été réalisés sur onze herbes aromatiques dans une dizaine d’enseignes.
1.400 euros pour un kilo de ciboulette
Le premier enseignement concerne les écarts de prix entre les différentes herbes. « On retrouve des contenants identiques, par exemple un pot en verre. Mais la quantité varie beaucoup. On retrouve par exemple 23 g de romarin, mais seulement 2,5 g de ciboulette dans un même pot en verre. », explique Marine Desorge, chargée de mission au sein de l’association. Résultat, le prix explose. Près de 100 euros pour 1 kg de romarin, tandis que la ciboulette culmine à plus de 800 euros le kilo. « C’est donc essentiel que le consommateur soit averti pour qu’il regarde le prix au kilo », ajoute Marine Desorge.
Pour faire grimper un peu plus le prix au kilo, les industriels n’hésitent pas à créer de nouvelle appellation. L’exemple de la ciboulette est encore frappant, comme si son prix n’était pas assez élevé. « La marque Ducros commercialise une ciboulette première saveur à 1.400 euros le kilo », n’en revient pas Marine Desorge. Mille quatre cents euros pour de la ciboulette, c’est plus que pour de la truffe, dont le prix se situe autour de 1.000 euros le kilo. Les moulins à herbes font aussi largement grimper les prix, quatre à cinq fois supérieurs à la normale. Pour les industriels, tant que les prix gonflent, l’innovation est bonne.
Aucune réglementation pour les herbes de Provence
Les herbes de Provence restent les moins chères, en moyenne autour de 60 euros le kilo. Mais l’autre enseignement concerne davantage la qualité des herbes de Provence, plus que leur prix. « Le problème c’est qu’il n’y a aucune réglementation, on peut mettre tout et n’importe quoi dans les herbes de Provence », plante tout de suite en décor Marine Desorge, ce que confirme Vincent Mignerat, producteur et président de l’association interprofessionnelle des herbes de Provence. « Sur les 500 tonnes vendues en France, seulement 10 % sont produites dans l’Hexagone », ajoute-t-il. La seule garantie pour les consommateurs reste le Label rouge, qui réglemente la composition des herbes de Provence. « Du romarin, de l’origan et de la sarriette pour 27 % chacun, complété par 19 % de thym. », détaille Vincent Mignerat.
Le taux minimum garanti en huiles essentielles est d’au moins 2,5 % par mélange, alors qu’il n’atteint que 0,7 % pour les herbes non labélisées. « Le prix est peut-être 3 à 4 fois plus élevé, mais les senteurs aussi. On a moins besoin d’en mettre, donc ça revient au même prix, alors qu’on a une meilleure qualité », avance Vincent Mignerat. Car la plupart des herbes de Provence commercialisées ne viennent pas de France, et encore moins de Provence. « Le romarin est marocain, le thym polonais, l’origan turc et la sarriette albanaise », détaille le producteur. Et pourtant il arrive encore que les herbes importées soient vendues plus cher que celles produites en France.