VIDEO. Marseille: Le combat de la SPA pour retrouver les auteurs de maltraitance animale
ANIMAUX•La structure a mis en place il y a un an et demi une armada pour pister et retrouver les maîtres maltraitants...Mathilde Ceilles
L'essentiel
- Un dalmatien de 9 mois a été récemment jeté de la fenêtre d’une voiture
- La cellule enquête de la SPA de Marseille compte deux salariés à plein-temps, 25 bénévoles et un ancien gendarme
La vidéo a été vue plus d’un million de fois. Sur Facebook, le président de la SPA Marseille Xavier Bonnard promet de retrouver et porter plainte contre le couple qui a jeté par la fenêtre d’une voiture Joker, un jeune dalmatien de neuf mois. Le jeune chien a la patte cassée et a été brûlé après avoir été roué de coups. A l’heure où ces lignes sont écrites, le couple a été identifié, et la structure projette de mettre à exécution sa promesse.
Ce cas n’est pas une première. Outre la fonction de refuge, la structure, deuxième SPA de France, s’est dotée il y a un an et demi d’un service enquête, comprenant deux salariés à temps plein, dont une juriste. Pas moins de vingt-cinq enquêteurs bénévoles agissent également au côté d’un ancien gendarme qui chapote le tout et les forme aux techniques d’enquête. « Nous avons mené 400 enquêtes à ce jour », affirme Xavier Bonnard. Sur dénonciation, les enquêteurs cherchent à retrouver et identifier les suspects, quitte à « faire du porte-à-porte », pour ensuite constater ou non les cas de maltraitance.
a« Très peu d’affaires finissent au tribunal »
« Presque 50 % des cas signalés se révèlent vrais », avance Xavier Bonnard. Ces cas-là font ensuite « systématiquement » l’objet d’une plainte. « On n’y va pas pour un écrasement de fourmi, il faut qu’il y ait eu agression. » Et, il le promet : « Je vais moi-même plaider ! », évoquant le cas récent d’un agent de sécurité condamné à quatre mois de prison ferme pour avoir tapé son chien avec une matraque, avant de le laisser agonisant dans une cour. « On a perdu aucun procès, on arrive avec un dossier solide », affirme-t-il, sans pour autant être en mesure de préciser le nombre de procès intentés jusqu’ici.
Car là est le problème selon Maître Isabelle Terrin, avocate spécialiste en droit de l’animal. « La plupart des plaintes passent à la trappe. Dans les commissariats, on a l’air ridicule. On nous dit qu’il n’y a pas assez de policiers pour s’occuper des gens, alors on ne va pas s’occuper des animaux. Et le parquet classe sans suite. Très peu d’affaires finissent au tribunal. »
Deux ans de prison et 30.000 euros d’amende
Le Code pénal prévoit pourtant jusqu’à deux ans de prison ferme et 30.000 euros d’amende pour tout acte de cruauté ou de maltraitance sur un animal. Une situation que déplore l’avocate. « La loi a trois fonctions : répressive, rétributive mais aussi dissuasive. Si on savait qu’on peut aller au trou en s’en prenant à un animal, il y aurait peut-être moins de cas ! »
« Il faut placer la conscience animale au centre des débats, car la façon dont on traite les animaux montre la façon dont on traite la société », note Xavier Bonnard, qui espère faire entendre ses revendications grâce à sa candidature aux législatives sous l’étiquette du parti animaliste. En attendant, la SPA prépare la reconstruction de Joker, et un appel aux dons a été lancé pour récolter les fonds nécessaires pour son opération.