REPORTAGELe commando anti-goélands de la mairie de Marseille

VIDEO. Marseille: Mégaphone, huile végétale et Jean-Luc le hibou...Le commando anti-goélands de la mairie

REPORTAGEUn arrêté préfectoral autorise la municipalité à stériliser les œufs de cet oiseau…
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

Ils marchent avec prudence, à pas feutrés sur l’île d’If. L’un a dans la main un vaporisateur d’huile végétale et un pinceau. L’autre, toujours à l’affût, est équipé d’un mégaphone et de Jean-Luc, un faux hibou chouettement plus vrai que nature. « C’est Jean-Luc le grand-duc », plaisantent-ils. Mais l’heure n’est pas à la plaisanterie. Une attaque de goéland est si vite arrivée, surtout lorsqu’on s’approche un peu trop de leurs nids…

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C’est en effet la mission confiée par la municipalité de Marseille à Benoît Pons et Jérémy Zeller, de la société Sacpa. En février dernier, la préfecture a émis un arrêté autorisant la stérilisation des œufs de cette espèce protégée. Depuis, la mairie a décidé de passer aux choses sérieuses, la période de mars-avril correspondant à la nidification des goélands leucophée. Episodiquement, les deux hommes parcourent donc l’île à la recherche de nids. Sur un œuf sur deux, ils injectent une huile végétale afin de boucher les pores de la coquille, et ainsi stopper net le développement. « Je passe le pinceau pour être sur », explique Benoît Pons, qui se définit comme un « agent de fourrière ». « On s’occupe des chiens, des chats. Les goélands, c’est un plus ! »

L'oeuf est tué en bouchant les pores
L'oeuf est tué en bouchant les pores - Mathilde Ceilles

La saleté en cause

La méthode, qui revient à asphyxier les œufs, ne fait pas le bonheur de la Ligue de protection des oiseaux. Contacté il y a quelques semaines par 20 Minutes, Philippe Bonnoure, administrateur de la Ligue de protection des oiseaux de la région Provences-Alpes-Côte-d’Azur, estimait que cet arrêté préfectoral était inutile. La raison ? Selon lui, « le problème, c’est la propreté des villes, puisque cet oiseau se nourrit de détritus ». Et de dénoncer « une opération de communication ».

Un argument que reconnaît partiellement Guillaume Jouve, conseiller municipal en charge de l’animal dans la Ville, l’augmentation du nombre de goélands étant entre autres liés à la fermeture de deux décharges dans les environs. « Mais saleté ou pas, l’animal est là », précise-t-il.

En pleine campagne de stérilisation
En pleine campagne de stérilisation - Mathilde Ceilles

Pas d'extermination selon la mairie

Selon la municipalité, la cité phocéenne et sa rade abritent la plus grande population de cette espèce en Europe, avec 16.000 couples. En parallèle, les plaintes liées au goéland auraient augmenté : « Cela relève du pouvoir de police », ajoute Guillaume Jouve. Les plaintes déjà enregistrées suite à une attaque de goélands dans des lieux publics comme les écoles entraînent en effet la responsabilité de la mairie.

Visiblement conscient des réactions qu’une telle démarche peut susciter, l’élu tempère. « Nous ne sommes pas dans une démarche d’extermination, affirme-t-il. Nous mettons également en place différents procédés préventifs, comme des pics sur des toitures d’école pour éviter la nidification. ». « Il s’agit aussi d’assurer la sécurité de nos visiteurs », ajoute Armelle Baduel, administratrice du château d’If. L’intervention se fait en effet principalement le long du chemin emprunté par les touristes désireux de découvrir ce monument historique.

La recherche bat son plein
La recherche bat son plein - Mathilde Ceilles

Le conseiller municipal insiste également sur l’encadrement autour de cette pratique, qui a reçu un avis favorable du conseil scientifique régional du patrimoine naturel. « Avant, il y avait un vide juridique », fait valoir Guillaume Jouve. En tout, pendant quatre ans, 125 interventions sont prévues, de la stérilisation des œufs à l’euthanasie de goélands malades ou blessés.