Présidentielle: Devant des Marseillais déçus par la politique et le gouvernement, Mélenchon se pose en « candidat de la paix »
PRESIDENTIELLE•Le candidat de la France insoumise a tenu un meeting devant 70.000 personnes selon les organisateurs...Mathilde Ceilles
«C’est pas des pin’s qu’on aurait dû acheter, c’est des casquettes ! ». Sur le Vieux-Port, la chaleur est écrasante. Ecrasante doit être aussi la pression que ressent certainement Jean-Luc Mélenchon sur ses épaules ces derniers jours. Le candidat de la France insoumise est venu ce dimanche tenir un meeting en plein air dans ce lieu emblématique de la cité phocéenne.
Ecrasante doit être cette pression au vu des attentes que suscite le candidat, passé en l’espace de quelques semaines seulement d’outsider à potentiel troisième homme, devançant François Fillon dans un récent sondage. Sur la Canebière, au milieu des familles à poussettes, des jeunes qui se protègent tant bien que mal du soleil, il y a bien sûr les vieux de la vieille, ceux qui, depuis des années, sont derrière le parti communiste, dont les drapeaux se hérissent ça et là, perçant la foule compacte. « Je soutiens Mélenchon par fidélité à mes idées », explique ainsi Alain, venu d’Aix-en-Provence. « Moi avant, je soutenais Besancenot, mais je suis allée vers Mélenchon pour ses idées sur l’écologie », abonde Christelle.
« Je n’ai jamais vu ça »
Mais ceux qui étaient là en 2012 l’affirment : cette fois, quelque chose a changé. « J’ai tracté samedi au Carrefour du Merlan, et je n’ai jamais vu ça », s’étonne encore Vincent, militant marseillais qui avait déjà voté pour Jean-Luc Mélenchon en 2012. A en croire cet agent EDF, le candidat de la France insoumise suscite la sympathie bien au-delà de son électorat traditionnel. « Aux dernières régionales, j’avais milité pour la liste EELV/Front de gauche. Mais là, c’est différent, la progression est claire », constate Brigitte. Et dans la foule qui a investi ce dimanche le Vieux-Port, force est de constater que de nouveaux visages ont fait leur irruption, ceux des déçus du hollandisme en particulier et des hommes politiques en général.
« Avant, je ne votais pas, reconnaît Stasia, 33 ans. Je ressentais un écœurement vis-à-vis des politiques qui ne pensent qu’à leurs intérêts. Mais Jean-Luc Mélenchon est humain et droit dans ses idées », espère-t-elle. « On s’est fait arnaquer avec Hollande, s’emporte Medhi, un fonctionnaire de 37 ans qui se lance pour la première fois en politique comme candidat de la France insoumise aux législatives. Il avait promis que son ennemi, c’était la finance. Et au final, qu’est-ce qu’il a fait ? »
« Si vous voulez la paix, ne vous trompez pas de bulletin de vote ! »
« J’ai voté pour Hollande en y croyant, j’ai grandi dans une famille socialiste et voté pour le PS toute ma vie, confie Aurélie. Mais je ne voterais pas pour Hamon, je ne veux pas d’un Hollande 2. Je suis venue pour voir comment ça se passe. Je fais partie de ces gens qui ne savent pas encore, et qui ne sont pas forcément d’accord avec tout. »
Pour convaincre les indécis qui pourraient l’aider à faire pencher la balance en sa faveur (un sondage publié samedi précise que 38 % des sondés pourraient encore changer d’avis), Jean-Luc Mélenchon s’est positionné en « candidat de la paix », quelques jours seulement après les frappes américaines en Syrie. « Si vous voulez la paix, ne vous trompez pas de bulletin de vote ! Et si vous en choisissez un pour la guerre, ne vous étonnez pas si elle finit par arriver », a-t-il avancé, un rameau d’olivier à la boutonnière, « nouveau symbole » de sa campagne.
Une minute de silence pour les migrants disparus
Le candidat de la France insoumise a également demandé à la foule d’observer une minute de silence en hommage aux migrants disparus en Méditerranée, avant de proposer « une alliance pour la sauvegarde écologique de la Méditerranée ».
Durant ce discours, plus court qu’à l’accoutumée, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau fait l’éloge d’une France multiculturelle, comme en 2012, quand Jean-Luc Mélenchon avait vanté les vertus du « métissage » sur la plage du Prado, freinant son élan juste avant le premier tour en 2012. En 2017, Jean-Luc Mélenchon persiste et signe, et tant pis si certains indécis fuient le candidat, à l’image du flot de sympathisants partis avant la fin du meeting après une panne d’écran géant. Le candidat veut y croire : « ça s’entend, ça se sent, la victoire est à la portée de nos efforts ! »
>> Quel candidat à l'élection présidentielle correspond le mieux à vos idées ? Testez notre boussole ici dans sa version optimisée ou ci-dessous.