ENVIRONNEMENTA Marseille, les insectes ont aussi leur hôtel

A Marseille, les insectes ont aussi leur hôtel

ENVIRONNEMENTUne de ces cabanes en bois visant à proteger certains insectes a été inaugurée ce jeudi...
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

Certains cinéphiles connaissent le Grand Budapest Hotel. A Marseille, il y a désormais le Grand Hôtel à Insectes, inauguré comme il se doit dans le Parc Athéna, dans le treizième arrondissement. A défaut de pouvoir y séjourner, visite guidée dans cet établissement de luxe pour les abeilles sauvages et autres insectes pollinisateurs menacés de disparition.

Lits de bambou et canapés de pommes de pin. Protégées des intempéries par des planches de bois et une arche en Plexiglas, les nombreuses chambres de cet hôtel sont composées de divers matériaux naturels, comme du bois ou de la paille. Autant de petits recoins dans lesquels abeilles sauvages ou encore coccinelles peuvent s’abriter sans danger. « Dans le milieu naturel, elles peuvent être attaquées, là, il y a des grilles, les abeilles vont se nicher dans les bambous, les coccinelles dans la paille », détaille Thierry Bruel, professeur de SVT des élèves 6e1 du collège André-Malraux qui ont participé au projet.

Le Grand hôtel à Insectes
Le Grand hôtel à Insectes - Mathilde Ceilles

Ces derniers, scolarisés à quelques mètres de ce parc de 14 hectares d’anciennes terres agricoles, ont récolté chacun les « meubles » naturels dans leurs familles ou autour d’eux pour équiper cet hôtel, tout en appliquant les cours théoriques dispensés par leurs professeurs sur la biodiversité et les insectes.

Des espèces indispensables pour l’écosystème. Mais derrière ce grand hôtel, point de visée touristique. Ici, l’objectif affiché est de protéger ces espèces, dont le travail de pollinisation est capital pour l’écosystème. « Les insectes, il est vrai, sont les plus gros dévoreurs de plantes de la planète, admet Monique Cordier, adjointe au maire de Marseille en charge des espaces naturels, des parcs et jardins, du développement durable et du Plan climat. En revanche, ils assurent la reproduction de 80 % des plantes à fleurs, en transportant leur pollen. Sans eux, la terre deviendrait un sinistre désert ! ». « Si vous mangez des céréales le matin, du pain, il faut savoir qu’on a besoin de ces insectes, abonde Thierry Bruel. En participant à ce projet, on espère sensibiliser les collégiens, et, pourquoi pas, leurs parents… ». Or, en France, comme en Europe, près de 10 % des espèces d’abeilles sont menacées ou en voie d’extinction.

Monique Cordier posant devant l'hôtel aux insectes, le 6 avril 2017.
Monique Cordier posant devant l'hôtel aux insectes, le 6 avril 2017. - Mathilde Ceilles

Une expérience scientifique. Un premier grand hôtel à insectes avait été inauguré il y a un an au Jardin botanique. Depuis, l’établissement a fait 112 petits, essaimés dans 24 parcs de la ville. Les parcs ainsi équipés d’hôtels sont surveillés de près par une équipe de scientifique de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine (IMBE). « Je suis une ancienne prof de maths, et je suis cartésienne, s’amuse Monique Cordier. En comparant avec des parcs sans hôtel, il s’agit de prouver l’efficacité de cet outil ». Une étude publiée cet été fournira les premiers éléments de réponse.