VIDEO. Bouches-du-Rhône: Cinq hommes devant la justice pour leur implication présumée dans la mort d'un policier à Vitrolles
PROCES•Le fonctionnaire de police avait été tué d'une balle de kalachnikov après une course-poursuite...Mathilde Ceilles
Ce jeudi, la cour d’assises d’Aix-en-Provence examine pour la première fois une affaire vieille de six ans qui, à l’époque, avait suscité une vive émotion jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat. La justice va en effet entendre pendant quinze jours cinq hommes pour leur implication supposée dans le décès survenu fin novembre 2011 d’un policier de la brigade anti-criminalité d’Aix-en-Provence.
Une course-poursuite qui tourne mal. Le 28 novembre 2011, vers 02 h 30 du matin, un policier de Brigarde anticriminalité d’Aix-en-Provence est grièvement blessé par une rafale de kalachnikov, à Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Le lieutenant Eric Lalès, 37 ans, est touché à la tête et à l’épaule. Cet incident fait suite à une course-poursuite avec une Audi break.
Les policiers de la Bac avaient pris en chasse ce véhicule, récemment volé, après avoir repéré au cours de la nuit des individus en train de commettre une série de cambriolages. Plusieurs dizaines d’impacts de balle sont relevées sur le véhicule de police. Selon un témoignage anonyme, les malfaiteurs avaient décidé cette nuit-là de « faire les magasins (…) sur un coup de tête ».
Le corps encagoulé d’un passager de l’Audi, Patrick Lombard, est retrouvé sans vie à côté du véhicule. Les policiers sur place ont déclaré ne pas avoir fait usage de leurs armes. La procureure d’Aix-en-Provence d’alors, Dominique Moyal, avait expliqué que l’homme était décédé sur place, dans son véhicule, atteint par une balle d’un de ses complices qui, en tirant sur le véhicule de police, aurait atteint Patrick Lombard au passage. Âgé d’une vingtaine d’années, Patrick Lombard était connu des services de police.
Cinq prévenus à la barre A partir de ce jeudi, et jusqu’au vendredi 17 mars, cinq hommes comparaissent devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône. Les traces ADN de quatre des accusés ont été abondamment retrouvées dans le véhicule.
Lionel Le Gratiet est jugé pour soustraction de criminels. Il est accusé d’avoir récupéré en voiture les quatre autres qui, à l’issue de la course-poursuite en voitures, avaient pris la fuite à pied. Ils étaient tous connus de la justice et certains avaient entre eux des liens familiaux plus ou moins directs.
Âgé de 40 ans, Jean-Baptiste Dominci, recherché au moment des faits pour un braquage comparaît pour complicité de tentative de meurtre et complicité de meurtre. Bruno Bonati, 42 ans, devra pour sa part répondre de vol en bande organisée suivi de violences ayant entraîné la mort d’Eric Lalès et de Patrick Lombard. Quant à Jean Bengler. il est celui que l’enquête désigne comme le meurtrier,
Jean Bengler, Jean-Baptiste Dominici, Bruno Bonati, 42 ans, et Auguste Debard, 34 ans, sont également accusés d’association de malfaiteurs et vol en bande organisée
Un dossier incomplet selon la défense Seul Auguste Debard a partiellement avoué les faits, reconnaissant avoir participé aux cambriolages. Les autres accusés nient. « Mon client a toujours dit qu’il n’était pas dans la voiture », affirme l’avocat de Jean Bengler, Me Emmanuel Marsigny, dénonçant un dossier présentant « d’énormes lacunes notamment sur le déroulement des faits ». Et d’ajouter : « il n’y a pas eu de reconstitution des faits, aucune expertise balistique. On nous a refusé toutes nos demandes. Sur une affaire aussi grave, c’est invraisemblable. Il y a d’énormes trous. Est-ce dû à une incompétence ou une volonté délibérée ? Je ne sais pas, mais c’est un fait. ». Me Dominique Mattéi, avocat de Jean-Baptiste Dominci, abonde : « Qui était de manière certaine dans le véhicule ? Qui a tiré ? On a retrouvé dans la voiture des ADN de personnes qui ne sont pas poursuivies. Il y a dans ce dossier beaucoup d’incertitudes. »
Une affaire qui avait suscité l’émotion. L’après-midi même des faits, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Claude Guéant, s’était rendu au chevet du fonctionnaire de police, hospitalisé dans un état grave. La mort d’Eric Lalès avait été annoncée par Nicolas Sarkozy le 8 décembre 2011 dans la cour de l’hôtel de Police de Marseille. Le président de la République déclarait alors : « Je viens d’apprendre la mort du fonctionnaire de police Éric Lales, abattu froidement par des délinquants sans scrupule. Il laisse une jeune femme veuve et deux petites filles orphelines ». Lors de cette visite dans la capitale phocéenne, l’ancien chef d’Etat avait affirmé que les policiers de la Bac des Bouches-du-Rhône allaient être équipés de fusils à pompe.
aQuelques jours plus tard, le 11 décembre, une marche blanche dans le petit village varois de Montfort-sur-Argens, où vivaient le policier et sa famille, avait rassemblé près de 2.000 personnes.