C’est une boutique a priori comme les autres, nichée entre les enseignes que l’on trouve habituellement dans le centre commercial des Terrasses du Port à Marseille. A l’intérieur de cet espace, les jeans côtoient chaussures, bijoux et autres sacs à main. Bref ; l’endroit rêvé pour toute fashionista qui se respecte !

Mais chez Skola, les employés ont une petite particularité : du vendeur à la responsable du magasin, tous sont en apprentissage. Skola est en effet une boutique-école. Dans le cadre d’une formation accélérée, les apprentis vendeurs gèrent eux-mêmes ce magasin de 120 m2 mis gracieusement à disposition par les Terrasses du Port. Un dispositif unique mis en place par les Apprentis d’Auteuil avec le concours de Pôle emploi.

200 candidatures

En effet, ces vendeurs ont un autre point commun : éloignés de l’emploi et avec un faible niveau de qualification, ils ont été embauchés avant tout sur leur motivation pour être formé aux métiers de la vente. « Un critère qui n’est pas forcément le premier dans les processus de recrutement », note Bruno Galy, directeur territoire Apprentis d’Auteuil PACA. Ces 9 filles et 11 garçons marseillais ont été sélectionnés parmi 200 candidatures après un long processus de recrutement.

Depuis le 20 février, et jusqu’au 21 avril, ces aspirants vendeurs gèrent leur propre boutique de A à Z. L’espace a été conçu pour que les jeunes apprennent leur métier aux contacts de vrais clients, tandis qu’une formation théorique est dispensé en demi-groupe dans l’arrière-salle de la boutique. En tout, 360 heures de formation vont être dispensées à la vingtaine de jeunes, comprenant notamment des coachings par des professionnels de grande marque. Coût de l’opération : 88.100 euros.

Avoir un diplôme

A 24 ans, la jeune Alice a été choisie pour être l’une des responsables de la boutique. « Ça fait dix jours que je suis au taquet ! », rigole-t-elle. « On se met en place, ils ont fait de l’anti-volage (poser des antivols, ndlr), du merchandising, on a changé la vitrine… On trouve notre rythme de croisière. »

Pour Anyssia, l’une des jeunes vendeuses retenues pour ce projet, cette expérience constitue une véritable chance. « J’étais au chômage depuis deux mois, explique-t-elle. J’ai arrêté les études en première année de bac pro, et grâce à cette formation, je vais avoir un diplôme. » L’occasion également de reprendre confiance en elle. « Je suis quelqu’un qui se dévalorise beaucoup, je pensais jamais faire partie des 20 retenus ! », se souvient-elle.

Retrouver un emploi

Sa collègue Laura a une autre motivation : « Je vis encore chez mes parents, et j’aimerais avoir mon propre appartement… et pour ça il faut un salaire ! ». La jeune fille espère ainsi que cette formation lui permettra d’enfin décrocher un emploi pérenne.

C’est aussi le pari que font les responsables de ce projet, en formant ces jeunes à un secteur d’activité qui recrute dans la région. Immergés au sein des Terrasses du Port, ces apprentis auraient plus de chances « de trouver un emploi que s’ils prospectaient avec leurs CV », affirme la directrice du centre commercial, Sandra Chalinet. Et pour cause : en côtoyant les responsables des boutiques, ils pourront plus facilement prendre connaissance des offres à pourvoir… et se faire connaître ! L’objectif affiché est clair : que l’ensemble des apprentis décroche un emploi à l’issue de la formation.

Reste aux apprentis vendeurs de faire leurs armes auprès des clients qui tardent pour le moment à venir…