Affaire du burkini à Sisco: «J'en ai pleuré seul dans mon bureau», confesse le maire
JUSTICE•Le tribunal administratif de Bastia doit rendre, ce jeudi, sa décision au sujet de l’arrêté anti-burkini d’Ange-Pierre Vivoni…Clément Carpentier
La petite commune de Sisco, en Haute-Corse, est de retour sur le devant de la scène, ce jeudi. Six mois après les heurts sur l’une de ses plages qui a déclenché la polémique sur le port du burkini, le maire Ange-Pierre Vivoni (PS) revient pour 20 Minutes sur cet épisode qui a « secoué » son village.
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant d’aller défendre votre arrêté anti-burkini devant la justice ?
Je suis déterminé. Si le tribunal me donne raison et suit le rapporteur public, cette décision fera jurisprudence. Ce sera la victoire du droit contre l’hypocrisie de beaucoup dans cette affaire. Pour moi, ce serait une vraie satisfaction.
« Je suis marqué au fer rouge »
Comment avez-vous vécu cet épisode ultra-médiatisé ?
Très, très mal ! Je peux vous dire que lorsque le matin, à la mairie, vous lisez les lettres de soutien ou d’insultes, d’ailleurs, c’est très dur à vivre. J’en ai pleuré seul dans mon bureau. En tant qu’homme de gauche qui a milité toute sa vie contre toutes les formes d’exclusion, ce n’est vraiment pas facile. Je suis marqué au fer rouge par cette affaire.
Comment va votre commune six mois après ?
Cette histoire nous a fait beaucoup de mal. Malgré ça, j’ai reçu énormément de soutien de la part des habitants. Je n’ai qu’une seule peur aujourd’hui, c’est que ma commune vote frontiste pour la première fois de son histoire. Je suis juste un peu déçu que des personnes de confession musulmane qui m’ont apporté personnellement leur soutien n’ont pas pris position publiquement à ce moment-là.
« J'ai peur que ma commune vote frontiste »
Quelles sont les conséquences de cette affaire pour Sisco ?
Nous sommes devenus une bête curieuse ! Des gens viennent me photographier. On a même des cars de touristes qui s’arrêtent devant la crique où il y a eu des heurts au mois d’août dernier. C’est assez triste.
Concernant votre arrêté anti-burkini, qu’allez-vous faire l’été prochain ?
Je reprendrai un nouvel arrêté anti-burkini ! Je ne veux pas que ça devienne un symbole de résistance. Ce vêtement, c’est de la provocation. Et surtout, je ne veux plus jamais revivre les affrontements de l’été dernier. Ce n’est pas de la prévention, mais une forme de protection.