Alain, ce minot marseillais héros du film «Corniche Kennedy»
CINEMA•Le jeune homme fait partie de ces « cascadeurs fous » qui sautent chaque été du haut de la Corniche...Clément Carpentier
C’est une histoire comme seule Marseille peut en produire. L’histoire d’un gamin des cités qui se retrouve en haut de l’affiche dans le dernier film de Dominique Cabrera, Corniche Kennedy. Et pourtant, Alain Demaria alias Mehdi n’a aucune formation de comédien.
Alain porte-drapeau de cette tradition marseillaise
Il a simplement sa folie pour lui. Celle de sauter de la corniche du Président-John-Fitzgerald-Kennedy, depuis l’âge 6 ans. « J’étais en foyer à l’époque et je suivais mon grand frère aux Goudes chaque été. Pleins de jeunes sautaient, j’ai commencé à 1 ou 2 mètres », explique le jeune homme.
Alors que son aîné s’amuse à draguer, lui enchaîne les sauts à l'époque. « Personne ne me donner d’ordre donc je n’avais aucune limite. Vers 8/10 ans, j’ai commencé à plonger dans les trous. J’étais un vrai poisson dans l’eau », ajoute Alain. Il faut dire aussi que le phénomène est très répandu sur la Corniche comme le souligne, Marie, une Marseillaise : « Les jeunes sont fous. Ils sautent de partout. D’ailleurs, il y a déjà eu des accidents. »
En effet, tout le monde n’est pas un habitué des lieux comme Alain. Pourtant lui aussi n'a pas toujours été très prudent : « Au fil des années, je buvais beaucoup d’alcool avant de sauter pour être désinhibé. À 18 ans, je me suis fait très peur. Après un plongeon, je n’arrivais plus à respirer. » Mais rien n’arrête ce minot marseillais qui saute un jour tête la première de 22 mètres.
« Vous êtes mes acteurs »
Seule, la réalisatrice Dominique Cabrera va le stopper. Alors qu’elle se balade sur la Corniche un été, elle reste scotchée devant ses sauts. Avec son copain Kamel, il fait le show : « Elle a pris des vidéos. On s’est revu le soir et à partir de là, on a commencé à se côtoyer régulièrement. » Pendant deux ans, les deux adolescents, lui, racontent leur vie.
Ils travaillent, ensuite, au scénario du film, inspiré du livre de Maylis de Kerangal du même nom, jusqu’au jour où la réalisatrice leur avoue qu’ils seront les acteurs. Alain a dû mal à réaliser sur le moment : « J’ai pris des cours de théâtre avec des coaches et finalement, tout s’est bien passé. Je suis très content du résultat final. Ce film, c’est ma vie »
Un message de prudence à faire passer
Le film qui sort ce mercredi rend hommage à ces cascadeurs « fous » autour d’une histoire d’amour et d'une surveillance policière dérangeante. Mais attention, Alain Demaria, aujourd’hui âgé de 21 ans, a un message pour tous les gamins qui se lancent l'été. Il espère tout simplement « qu’ils n’auront pas les couilles de sauter aussi haut que moi. Je ne voudrais pas avoir de morts sur la conscience après ce film. »
D’un point de vue personnel, le jeune homme veut percer dans le cinéma dans les prochains mois grâce à Corniche Kennedy. Et surtout « continuer à sauter. Encore et encore. » Pas forcément de plus haut mais dans des nouveaux spots. Pour ça, il rêve d’aller voir son grand frère en Thaïlande « où il y a des endroits magnifiques. » Au passage, il pourra lui montrer que ses exploits sont maintenant sur le grand écran.