RELIGIONBientôt une fin à la mosquée de la discorde à Marseille?

Marseille: Vers une fin de l'imbroglio de la Grande mosquée?

RELIGIONLe tribunal administratif de Marseille doit se prononcer sur cet imbroglio politico-judiciaire autour du projet de Grande mosquée ...
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

Est-ce l’épilogue de ce feuilleton ? Ce mardi, le tribunal administratif de Marseille était amené à se prononcer sur une décision du conseil municipal, compromettant les chances de voir un jour le projet de Grande mosquée aboutir à Marseille. Une ordonnance sera rendue en fin de semaine prochaine pour clore cette affaire. Voici les grandes clés de ce serpent de mer qui pourrait peut-être bientôt appartenir au passé.

Un projet vieux de dix ans. En 2007, la ville de Marseille consent à un bail de 50 ans pour un terrain de 8.000 m sur le site des anciens abattoirs au nord de la ville, dans le 15e arrondissement. D’un coût estimé à 22 millions d’euros, la mosquée devait accueillir quelque 7.000 fidèles et comprendre, outre la grande salle de prière, une école coranique, un restaurant, une librairie et une bibliothèque.

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Le maire de la ville, Jean-Claude Gaudin, alors UMP, exprime sa volonté de fournir aux 220.000 musulmans marseillais un « lieu de culte significatif ». Ce projet constitue en effet la plus grande mosquée de France.

Une mosquée jamais sortie de terre. Peu de temps après la signature du bail, des membres du Front national, agissant comme contribuables, portent l’affaire devant le tribunal administratif, au motif d’un loyer trop faible. Le bail est ainsi annulé. Le loyer initial de 300 euros annuels est augmenté à 24.000 euros hors taxes.

Le 24 septembre 2009, un permis de construire est délivré à l’association. Mais ce dernier est de nouveau attaqué, puis annulé, ne présentant pas de parking. « Avec ces contentieux administratifs, le FN a tenu l’association en haleine », regrette devant la présidente Me Benoît Candon, avocat de l’association. Et de qualifier ce premier permis de « cadeau empoisonné de la mairie ».

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Aujourd’hui, mis à part une première pierre posée en grande pompe en 2010, et une arche construite en 2013, le projet est au point mort. D’autant plus que, le 3 octobre dernier, le conseil municipal de la ville de Marseille avait voté la résiliation du bail du terrain destiné à la construction d’une grande mosquée.

Le projet de construction de la grande mosquée de Marseille, ville où réside une des plus fortes communautés musulmanes de France, a subi un nouveau revers jeudi, le dernier d'une longue série, avec l'annulation de son permis de construire par la justice.
Le projet de construction de la grande mosquée de Marseille, ville où réside une des plus fortes communautés musulmanes de France, a subi un nouveau revers jeudi, le dernier d'une longue série, avec l'annulation de son permis de construire par la justice. - Michel Gangne afp.com

Des loyers impayés. C’est l’un des principaux griefs présentés par la mairie pour justifier sa décision. « Les loyers ont été payés de 2007 à 2012, puis partiellement en 2013, puis plus rien ! », déplore Me François Rosenfeld, avocat de la mairie de Marseille dans cette affaire. Une raison suffisante selon la défense pour rendre suspendre le bail, l’association devant à la municipalité près de 62.000 euros.

L'emplacement où doit se réaliser la future grande mosquée de Marseille située sur les anciens abattoirs dans les quartiers nords de Marseille
L'emplacement où doit se réaliser la future grande mosquée de Marseille située sur les anciens abattoirs dans les quartiers nords de Marseille - P.MAGNIEN / 20 MINUTES

Le hic : l’association La Mosquée de Marseille, qui pilotait le projet, se retrouve en difficulté financière. L’avocat de l’association dénonce « un budget initial de 8 millions d’euros qui a plus que doublé ! L’association n’en a pas les moyens. » Un projet plus modeste serait actuellement en cours d’élaboration par l’architecte. L’actuel président de l’association s’était engagé à recouvrir ses dettes d’ici la fin de l’année. « Il n’en a rien fait », note Me Rosenfeld.

Lutter contre le salafisme ? Pour Me Candon, la poursuite de l’exécution de ce bail relève de l’intérêt général, dans une ville où, selon les estimations, un quart de la population est de confession musulmane, et bénéficie actuellement de 73 mosquées. En enterrant le projet d’une Grande mosquée œcuménique et pluraliste – alors que les mosquées d’envergure sont généralement financées par des pays, comme à Paris ou Lyon –, l’avocat de l’association avance le risque de « développement de mosquées non contrôlées, obscures voire salafistes ». Un argument d’intérêt général que rejoint l’avocat de la défense, rappelant la déclaration de Jean-Claude Gaudin se disant enclin à « faciliter » un éventuel projet, « si un jour la communauté musulmane veut ériger une grande mosquée ».