Marseille: Ce lycée qui n'a toujours pas repris les cours pour cause de grève des professeurs
EDUCATION•Ces professeurs du lycée professionnel La Viste veulent obtenir le maintien des avantages des lycées en zone d’éducation prioritaire…Clément Carpentier
Ils seront encore nombreux ce mardi matin (10h30) à rejoindre la manifestation prévue entre le lycée Colbert (7e arrondissement) et la préfecture des Bouches-du-Rhône. Parmi eux, une très grande partie du personnel du lycée professionnel La Viste, situé dans les quartiers Nord de Marseille. Pourcentage de grévistes dans cet établissement : 100 %.
Les parents soutiennent le blocage
Tous les matins depuis une semaine, ils se réussissent à 7h pour bloquer leur lycée et annoncer aux parents qu’il n’y aura pas cours. « On les avait prévenus avant les vacances. Ils nous soutiennent car la situation est très très inquiétante » à en croire Marie-France. Cette professeur d’anglais comme ses 64 collègues enseignent dans un des établissements les plus compliqués de la ville.
Entre la pauvreté (80 % d’élèves boursiers) et le trafic de drogues, elle tente de faire des miracles : « Si on nous enlève les moyens que l’on a en étant en zone d'éducation prioritaire comme c’est prévenu à la rentrée 2017, on ne fonctionne plus. » Et d’ajouter : « On nous traite avec beaucoup de mépris. C’est insultant. »
Des conditions de travail à préserver
Aujourd’hui, les moyens « ZEP » qu’ils ont, « permettent de tenir les élèves ». Grâce au « Pass Culture », ils peuvent les emmener au théâtre ou au cinéma pour les « sortir de la misère culturelle » comme l’explique Marie-France. Cette année, il y a 5 AED (assistants d’éducation), « une présence humaine qui aide énormément » selon les enseignants. Il y a aussi deux professeurs principales par classe.
Les avantages ne sont pas négligeables au lycée La Viste. Problème, tout risque de disparaître à la prochaine rentrée. « Selon l’Education nationale, on perd un CPE (conseiller principal d'education), une assistante sociale, une infirmière et une personne de l’administratif », énumère Nadine, responsable gestion du lycée. Enfin, les profs en ZEP veulent garder leur prime de 130 euros par mois et les points supplémentaires qui facilitent l’obtention d’une mutation.
Des élèves de plus en plus difficiles
C'est donc le sentiment d'abandon que ses enseignants ressentent. « Même aujourd’hui, les conditions sont compliquées. Il y a de la violence », affirme la professeur d’anglais. En décembre, une mère de famille s’en est prise à un enseignant et au principal.
Les insultes en salle de classe sont pratiquement quotidiennes. Autre grande difficulté, le recrutement des élèves. « Avant les élèves voulaient vraiment venir étudier chez nous avec un vrai dossier derrière. Aujourd’hui, ils sont placés selon un site internet. On a un public de plus en plus difficile », conclut Marie-France.