INTERVIEWDans «La Vallée de Loups», Jean-Michel Bertrand film les «vrais» loups

«La Vallée des Loups»: Dans les Hautes-Alpes, Jean-Michel Bertrand a filmé «le vrai loup, le sauvage»

INTERVIEWSon documentaire, « La Vallée des Loups », sort ce mercredi dans les salles françaises…
Clément Carpentier

Clément Carpentier

C’est un documentaire unique en son genre que propose Jean-Michel Bertrand. Cet insatiable aventurier plonge dans la vie des loups sauvages avec son dernier film La Vallée des Loups. Il a tourné des images exceptionnelles pendant trois ans à proximité du parc du Mercantour. Il se confie à 20 Minutes avant la sortie de son film.

Comment l’idée vous est venue ?

C’était vraiment naturel pour moi. J’ai fait beaucoup de voyages mais au bout d’un moment j’en ai eu marre car aujourd’hui c’est devenu tout simplement un bien de consommation. Je me suis donc recentré. En 2010, j’ai fait un premier film [Vertige d’une rencontre] où j’ai suivi de près l’aigle royal. Je savais que le loup allait revenir chez nous, j’ai donc décidé de tenter le coup.

« Je voulais filmer le vrai loup ! Le loup sauvage, celui qu’on ne filme jamais. »

Quelle est la particularité de votre expérience ?

On voit souvent des images de loup mais ils sont apprivoisés ou dans des parcs. Moi, je voulais filmer le vrai loup ! Le loup sauvage, celui qu’on ne filme jamais. Celui où il faut une vraie connaissance et un peu de chance pour le voir.

Un loup filmé par Jean-Michel Bertrand.
Un loup filmé par Jean-Michel Bertrand. - Bertrand Bodin

Comment s’est passée l’aventure dans les Vallées du Champsaur et Valgaudemar ?

Tout a commencé en mars 2013 et trois mois plus tard, j’ai croisé mon premier loup. Il était à 15 mètres, ça a duré trois secondes et pourtant c’était très fort. Après, j’ai dû attendre un an avant d’en revoir un. Pendant cette période, il y a eu des doutes. Parfois, je me disais que j’avais mis la barre trop haut.

« Je faisais toujours pipi au même endroit pour qu’ils sachent que c’était moi »

Finalement, vous réussissez à les observer ?

En juin 2014, je tombe sur tout une famille. On voyait les adultes apporter à manger aux louveteaux. C’était la grosse récompense pour moi. Je vivais trois à cinq jours en bivouac et je revenais avec les images.

La famille photographiée par Jean-Michel Bertrand.
La famille photographiée par Jean-Michel Bertrand. - Bertrand Bodin

Comment vit-on avec les loups sauvages ?

Il faut être très rigoureux et précis. Par exemple, je faisais toujours pipi au même endroit pour qu’il sache que c’est moi. Il ne faut pas trop bouger quand eux le font. Ils finissent par vous tolérer. Ce sont les loups qui mettent la distance. Généralement, j’étais à 80 mètres la journée. Parfois, la nuit, ils s’approchaient à 20 mètres.

Quel est le message de votre film ?

Aujourd’hui, le loup est un symbole, il représente le sauvage et en France, on a dû mal avec ça. Sauf qu’on est tous des sauvages issus de la nature. D’ailleurs, beaucoup de nos réponses se trouvent dans la nature alors prenons en soin. Je voudrais rappeler que le loup n’est pas un animal agressif, contrairement à certains ours.

Jean-Michel Bertrand a vécu pendant 3 ans avec les loups.
Jean-Michel Bertrand a vécu pendant 3 ans avec les loups. - Bertrand Bodin