GUERREComment vit une famille de réfugiés syriens en France?

Syrie: Une famille de réfugiés raconte ses trois ans de périple entre Damas et Marseille

GUERREL’horreur de la guerre. Alors que la situation humanitaire ne cesse de se détériorer en Syrie et notamment à Alep, « 20 Minutes » vous propose un dossier spécial sur cette crise sans fin. Voici le témoignage d’un couple réfugié à Marseille avec ses trois enfants…
Clément Carpentier

Clément Carpentier

Assis sur deux matelas qui font office de canapé, Rami est très vite rejoint par son fils aîné, Youssef. Le petit garçon de 11 ans compte bien montrer ses progrès en français. Comme il le dit, « il aime beaucoup la France ». Un pays dans lequel il vit depuis un an et demi avec ses parents et ses deux petites sœurs.

Un périple de trois ans !

Mais pour en arriver là, sa famille en a bavé. Et pas qu’un peu. Elle a mis presque trois ans pour rejoindre Marseille. « On vivait dans la banlieue de Damas et on a décidé de partir car Youssef, justement, a été gravement blessé lors des manifestations et des bombardements », confie le père de famille. En février 2012, ils partent donc pour l’Egypte avec d’autres membres de leur famille. Ils vont y rester pendant un an et quatre mois : « Au début, c’était calme mais après la guerre a aussi éclaté. On a donc pris la direction de la Turquie », ajoute-t-il. C’est là qu’ils tentent dans un premier temps de rejoindre la Bulgarie à pied en passant par l’est de la Grèce mais les autorités les renvoient à Istanbul.

Cette famille syrienne passe alors au plan B. Rami, sa femme et ses enfants filent en l’Algérie par les airs puis au Maroc avant d’atteindre la ville espagnole de Ceuta au nord du pays. Tout ça grâce à des passeurs et souvent à pied. Enfin, ils finissent par traverser la Méditerranée et rejoindre Marseille. « Mon père était arrivé ici quelques mois avant, on connaissait d’autres Syriens. C’était plus facile pour s’acclimater », reconnaît Rami sous le regard de sa petite fille Aya, âgée de 5 ans, qui dessine.

Des enfants scolarisés mais toujours pas de papiers

Depuis cette famille de réfugiés est installée dans un petit appartement du quartier des Réformés. Mais surtout la petite dernière, Souad, est née, il y a 7 mois à Marseille. Dans son trotteur, elle s’amuse comme une folle. Evidemment, elle ne va pas encore à l’école contrairement à son frère et sa sœur. Youssef, en CM2 et en français dans le texte : « Ça se passe bien. J’arrive à parler, un peu à écrire mais en revanche la lecture, c’est plus dur. » Et alors sa nouvelle vie en France ? « J’ai des amis, on fait le sport tous les lundis. On joue au basket et au foot. »

Youssef, l'aîné, avec sa petite sœur Souad.
Youssef, l'aîné, avec sa petite sœur Souad. - Clément Carpentier

De son côté, son père reconnaît que « tout lui manque de la Syrie » mais « sa famille s’adapte plutôt bien. » Financièrement, ils ont une petite allocation de 500 euros par mois. Mais les choses risquent de se compliquer bientôt : « Avant, une association nous payait le loyer mais ce ne sera plus le cas à la fin du mois. Ça va devenir difficile car je ne peux pas travailler pour l’instant. »

Il est bien là le problème de la famille Abdullah. Au bout d’un an et demi sur le territoire français, ils n’ont toujours pas obtenu le statut de « réfugié » malgré plusieurs entretiens avec les autorités. Ils ne peuvent donc pas toucher la CAF (caisse d’allocations familiales) pour le logement et surtout, c’est impossible de trouver du travail sans le moindre papier.

La communauté internationale « ne fait rien du tout »

En attendant, Rami et Hadjer continuent d’élever Youssef, Aya et Souad. « Tout va dépendre des papiers mais pour l’instant, on compte rester ici. Personne ne peut et ne veut retourner en Syrie tant que la situation ne change pas », avoue le père de famille de 31 ans.

Il regrette aussi que la communauté internationale « ne fasse rien du tout. Il n’y a pas d’actions concrètes mais simplement des discours ». Aujourd’hui, il a encore des contacts avec des proches en Syrie mais la situation est très difficile et les conditions de vie dans les camps de réfugiés sont dramatiques à l’écouter. Malheureusement, Rami n’a pas trop le temps de s’épancher sur le sujet. Il doit réparer sa lampe pour essayer d’avoir de la lumière dans son logement de fortune marseillais. Tout n’en oubliant pas de proposer le café traditionnel avec sa femme et ses trois petits enfants à ses hôtes d’un jour. Pour une fois, c’est lui qui accueille.

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