Les quartiers Nord vont-ils perdre l’un de leur commissariat ? Alors que le nombre de règlements de compte est reparti à la hausse cette année – 26 dans le département depuis janvier contre 19 en 2015 – et qu’une majorité de ses homicides se déroule dans les quatre arrondissements du Nord de la ville, des élus s’inquiètent de voir disparaître le commissariat de l’Estaque, dans le 16e arrondissement.

Installé dans la charmante Villa Minerve, un peu sur les hauteurs face à la mer, ce poste de police se trouve aussi à quelques encablures de la cité de la Castellane, un des bastions du trafic de drogue à Marseille. Comme d’autres quartiers, celui de l’Estaque est régulièrement rattrapé par la violence. Samedi soir, un homme a été visé à quelques mètres seulement de la Villa Minerve.

Un coup de canif

Pour les élus des quartiers Nord, il n’est donc pas question de toucher à ce commissariat. La sénatrice-maire Samia Ghali vient d’écrire au préfet des Bouches-du-Rhône, Stéphane Bouillon, pour lui faire part de son « opposition » à cette « hypothèse » de travail. En novembre 2014, la Direction départementale de sécurité publique (DDSP) avait déjà décidé de fermer ce commissariat la nuit « pour une amélioration des patrouilles de terrain ».

« Je n’adopte pas de posture de principe lorsque les logiques d’organisation des forces de police vont dans le sens d’une amélioration du service de proximité rendu à la population, écrit-elle. Or, nous ne sommes pas dans cette dynamique. » Selon l’élue socialiste, cette fermeture constituerait « un coup de canif dans le pacte de sécurité et de cohésion sociale ».

Réforme des cycles horaires

« Nous n’avons pas à sabrer dans les effectifs des secteurs en difficulté, ajoute-t-elle. Nous n’avons pas, dans le 16e arrondissement, à subir la politique de la statistique ou du rendement », conclut-elle. Interrogé, le syndicat Alliance,, n’a pas souhaité faire de commentaire. « Pour l’instant, on ne sait rien », répond un des responsables du syndicat.

De son côté, le préfet de police, Laurent Nunez tente de rassurer les élus en rappelant qu’il s’agit, pour l’instant, d’une « réflexion » menée dans le cadre d’une réforme « globale » de l’organisation de la DDSP. « Nous avons une réforme des cycles horaires à mettre en place dans la police nationale qui vise à améliorer le confort de travail des policiers », explique-t-il.

Patrouilles à trois

Ensuite, depuis l’agression de quatre policiers à Viry-le-Châtillon, dans l’Essonne, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a promis de généraliser (au lieu de deux), ce qui nécessitera un redéploiement des effectifs. « Enfin, cette réforme vise à renforcer notre potentiel opérationnel sur la voie publique pour continuer à faire baisser la délinquance », conclut Laurent Nunez.

Quant à savoir s’il paraît opportun de fermer un commissariat dans les quartiers Nord, lieux de nombreux règlements de compte, il répond : « Ce ne sont pas les policiers qui sont "figés" dans les commissariats qui permettent d’éviter les règlements de compte. Les dix règlements de compte que nous avons empêchés [depuis le début de l’année] l’ont été par les services spécialisés de la police judiciaire. »