PACA: Après la motion «anti-migrants», la gauche s'interroge sur la «conférence régionale» d'Estrosi
POLITIQUE•Cette assemblée consultative ne s'est réunie qu'une fois depuis les élections régionales…Mickael Penverne
Faut-il partir pour protester ou rester, quitte à donner l’impression de cautionner ? Une partie de la gauche commence à s’interroger sur sa présence au sein de mise en place par Christian Estrosi, président (LR) de la région PACA, quelques mois après sa victoire aux élections régionales de décembre 2015.
L’ancien maire de Nice avait emporté son duel au second tour grâce au désistement des partis de gauche. En échange, il s’était engagé à créer une « assemblée consultative » pour permettre « à ceux qui ont fait le sacrifice de ne pas être candidats au second tour (…) de pouvoir s’exprimer et se prononcer sur la vie de la collectivité ».
Un vœu anti-migrants
Six mois après son installation, la « conférence régionale », qui réunit 150 personnes (120 « politiques » et 30 de la « société civile ») ne s’est réunie qu’une fois : lors de son installation le 12 mai au siège du conseil régional, à Marseille. Depuis, pas grand-chose. Il y a bien eu quelques réunions de commissions et de groupes de travail en septembre et octobre, mais aucune autre séance plénière.
La dernière était prévue le 4 novembre. Elle a été annulée et remplacée par une simple réunion des présidents de groupes, qui s’est déroulée quelques minutes après la séance plénière du conseil régional où venait d’être adopté . Le vœu, qui n’était pas inscrit à l’ordre du jour, a surpris tout le monde et provoqué la colère de plusieurs participants.
Une coquille vide
« Tout le monde était indigné par ce qu’il venait de se passer, raconte Sophie Camard d’Europe Ecologie-Les Verts. On avait presque une sensation de honte. On se disait : "Mais ce n’est pas ça notre région ! " » Certains élus se sont immédiatement interrogés au sein de la conférence régionale. Sébastien Jibrayel, par exemple, « ne veut plus y rester ».
« C’est un outil de communication pour Estrosi, estime le secrétaire national adjoint du PS. Cette conférence n’est jamais réunie, jamais consultée, c’est une coquille vide. On est squizzé sur tout (…). C’est un peu humiliant pour nous. On a été correct lors de l’élection. On s’est retiré et Estrosi a été élu. Résultat, quelques mois après, il fait alliance avec le FN pour voter une motion anti-migrants ! »
Le prochain test
Christophe Madrolle, ancienne tête de liste PS dans les Bouches-du-Rhône, n’est pas surpris par l’initiative de Christian Estrosi qui, selon lui, « n’a jamais été un centriste, ni un humaniste ». Pour autant, il refuse de claquer la porte de la « conférence régionale » : « Il est toujours plus utile de rester à l’intérieur que d’en sortir. Cette conférence nous assure quand même une tribune politique et médiatique », reconnait-il.
Sophie Camard est sur la même ligne. Même si elle « n’attend rien » de cette « conférence régionale », l’écologiste n’entend pas non plus la quitter. Pour l’instant, en tout cas : « Nous avons dit que nous continuerons à une condition : être destinataire des projets de délibérations, ce qui nous permet de suivre ce que fait la Région et de nous exprimer dans les médias le cas échéant ».
Malgré le vote de la motion anti-migrants, les partis de gauche ont donc décidé de ne pas bouger. Mais ils attendent Christian Estrosi sur la prochaine échéance : le budget de la région qui sera présenté début décembre. « Ce sera un test, indique Sébastien Jibrayel. Si la conférence n’est pas convoquée à cette occasion, cela voudra dire qu’elle ne sert à rien. » Selon Sophie Camard, le cabinet de Christian Estrosi est en train de chercher justement une date pour convoquer la prochaine séance plénière. La deuxième en six mois.