SURFCes amputés surfent avec des prothèses révolutionnaires

Amputés, ils surfent avec des prothèses révolutionnaires

SURFReportage pendant une journée de découverte de surf et de paddle pour personnes amputées à Sanary-sur-Mer (Var)...
Christine Laemmel

C.L.

Septembre 2011. Oscar Pistorius devient le . Sans avoir couru son relais 4x400m, il était parvenu quelques mois plus tôt à décrocher sa qualification pour les Mondiaux, ses lames de courses plus affutées que jamais. A cet instant, le public, ébahi devant l’athlète autant que la science, se dit que « tout est fait ». « Il faut s’enlever cette idée de la tête, tranche , l’homme qui a initié le développement d’une prothèse de surf hors norme, car en fait tout reste à faire. »

Le vide jusqu’en 2011

En septembre 2011, Eric Dargent vit déjà depuis six mois sans la moitié de sa jambe gauche, arrachée par un requin. S’il remonte sur sa planche de surf, c’est avec une prothèse bricolée avec des sandows (câbles élastiques) de fusils harpons. On est loin de Pistorius. « Il y a cinq ans, il n’y avait aucune prothèse permettant de surfer, se souvient le fondateur de . Il faut se rendre compte que les premiers championnats du monde handisurf se sont tenus en 2015. »

Autour du numéro un français de la discipline qui disserte sur , un petit groupe s’agite. Lycras sur le dos, une dizaine de personnes privées d’une partie de jambe sont venus tester le paddle et le surf. Nous sommes à Sanary-sur-mer (Var), à l’abri d’une plage inondée de soleil. Les stars du jour, ce sont les prothèses. Elles s’enfilent, se comparent, se réparent sur une table et des tréteaux, se testent dans la Méditerranée d’octobre.

« On dirait un vélo ta prothèse »

Jimmy, lui, ne lâche pas des yeux l’armature qui dépasse du short de bain d’Eric. « On dirait un vélo ta prothèse », lâche tout naturellement le jeune homme, amputé il y a à peine deux mois et pas encore autorisé à se baigner. « Oui car on s’est inspiré du VTT », répond tout aussi franco le sportif, en faisant bouger son armature hydraulique siglée « Easy Rider ». Et aussi du surf. Et encore du snowboard.

« On a puisé le meilleur de chaque prothèse pour créer un appareil multisports, explique-t-il, qui ne coûte pas une fortune. » Alors que les prothèses s’élèvent entre 7.000 et 10.000 euros, son genou articulé est pour 3.500 euros. C’est , une entreprise dijonnaise qui fabrique la prothèse, conçue mécaniquement par les lycéens du Bac Pro Techniques d’usinage du lycée Craponne de Salon-de-Provence.

« On pourrait surfer avec un bout de bois mais le but c’est de retrouver de la mobilité, oublier qu’on a une prothèse et là c’est gagné. » Toujours en recherche, Eric trace déjà les contours de son équipement idéal : Que le pied suive le mouvement du genou et surtout, pouvoir fléchir son genou n’importe comment. « C’est tout bête mais je ne peux pas le plier quand il est en l’air, développe Eric. Avec une lame de course par exemple, il faut aussi écraser le pied pour ça. Sauf que le surf demande de la flexion sans écraser. » Définitivement, tout reste à faire.

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