Marseille: La ville lance une opération de reconquête face à ses «concentrés de nuisance»
ECONOMIE•La rue Paradis en 2017 et le cours Lieutaud en 2018 vont être réaménagés...Mickael Penverne
Après et la rue de Rome, c’est au tour de la rue Paradis de connaître bientôt une complète rénovation. La phase de concertation préalable a été lancée officiellement lundi soir avec une première réunion d’information organisée pour les commerçants de cette artère commerciale. Comme l’ensemble du centre-ville, la rue Paradis est en souffrance. Malgré son positionnement « haut de gamme », le nombre de boutiques vacantes ne cesse d’augmenter depuis quelques mois.
« Plus personne n’a envie de se promener ici, témoigne Sabine de la boutique de prêt-à-porter féminin Loletta. Ce n’est pas agréable : les trottoirs sont dégradés, c’est toujours sale, il n’a pas d’arbres et les parkings sont trop chers ». Un peu plus loin, Georges Garat, un des « doyens » de l’artère, fait à peu près le même constat : « La rue a un peu vieilli et puis maintenant, il y a des centres commerciaux un peu partout. Ce n’est pas forcément la même clientèle mais vous savez ce que c’est : le monde attire le monde. »
Près de 25.000 voitures par jour
D’un coût (prévisionnel) de 4,5 millions d’euros, les travaux, entièrement financés par la métropole Aix-Marseille-Provence, devraient démarrer en février prochain et durer un an. Ils vont radicalement changer le visage de la rue avec une seule voie de circulation pour les voitures (contre deux actuellement), des trottoirs élargis de chaque côté de la chaussée, une réduction drastique du nombre de places de stationnement, des conteneurs enterrés, un nouvel éclairage et quelques arbres (des marronniers rouges).
La métropole a lancé cet été pour la requalification d’un autre axe majeur du centre-ville, lui aussi engorgé par la circulation : le cours Lieutaud. Cet axe, qui relie la gare Saint-Charles à la place Castellane, est devenu au fil des ans un « concentré de nuisances », selon l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (AGAM). Près de 25.000 véhicules l’empruntent chaque jour dans les deux sens.
« L’importance du trafic cumulée à l’effet canyon fait du cours Lieutaud un piège a pollution, écrit l’AGAM dans une étude publiée début septembre. Les seuils réglementaires de pollution, notamment pour les particules fines ou les oxydes d’azote, sont constamment dépassés. Les niveaux de bruit sont particulièrement élevés, renforcés par les nombreux deux-roues motorisés en circulation ». Ces deux pollutions ont évidemment un impact sur la santé des riverains mais aussi sur les façades des immeubles qui noircissent année après année.
Parcours du combattant
Pour les piétons, se promener sur le cours relève carrément « du parcours du combattant, hautement anxiogènes, ajoute l’AGAM. Outre la pollution et le bruit, l’occupation des trottoirs par les véhicules en stationnement, les motos, l’implantation parfois aléatoire du mobilier urbain et de la pléthorique signalisation verticale, les pratiques illicites d’occupation de l’espace public, sont autant de nuisances qui accentuent la pénibilité du parcours ».
L’ouverture complète de la rocade L2, fin 2017, devrait alléger la circulation de 15 % sur le cours Lieutaud, ce qui devrait permettre de lancer les travaux de requalification dès 2018. Dans son étude, l’AGAM propose déjà plusieurs options pour rendre l’artère « plus amène », notamment pour les piétons : planter des arbres, réduire les voies de circulation, créer des pistes cyclables et élargir les trottoirs. Les travaux devraient durer deux ans. Leur montant est estimé à 11,9 millions d’euros.