Bouches-du-Rhône: Les patrons du département s'inquiètent des «crispations» françaises
ECONOMIE•A l'occasion d'un débat, l'UPE 13 s'interroge : «Tous ensemble ou tous en guerre?»...M.P.
Une partie du milieu économique des Bouches-du-Rhône s’inquiète de plus en plus de l’état de tension permanente qui traverse la France depuis plusieurs mois. « La question est de savoir si nous sommes prêts à faire des concessions pour notre avenir commun », a déclaré jeudi le président de l’UPE 13, Johan Bencivenga, citant pêle-mêle les « crispations identitaires et générationnelles », la « question sécuritaire liée aux attentats », les « tensions dues à la loi travail », la « crise économique qui dure » ou plus localement, les « clivages » nées avec la création de la métropole Aix-Marseille Provence.
« Cette situation d’urgence impacte forcément les entreprises, a-t-il ajouté. Quand un chef d’entreprise a peur, qu’il n’a pas de visibilité, cela génère une perte de confiance et donc un arrêt des investissements et des embauches (…). Nous n’avons plus les moyens de travailler dans la division ». Pour réfléchir à cette « situation d’urgence », l’organisation patronale des Bouches-du-Rhône organise vendredi à la Kedge Business School un débat au titre volontairement provocateur : « Tous ensemble ou tous en guerre ? »
La commande publique en panne
Parmi les participants à cette table ronde, organisée à l’occasion de la 16e édition du Forum des entrepreneurs, on trouve Geneviève Garrigos, porte-parole d’Amnesty International, Brice Teinturier, de l’institut de sondage Ipsos, ou encore Marylise Lebranchu, ancienne ministre de la Décentralisation, qui a défendu le dossier de la métropole devant le Parlement. Après des mois d’affrontements entre pro et anti-métropole, le monde patronal, ardent défenseur de la nouvelle collectivité, aimerait bien tourner la page. Mais les choses n’avancent pas aussi vite qu’il le souhaiterait.
« et la première réunion de la commission des transports (sujet central de la nouvelle collectivité, ndlr) a été programmée le 20 septembre », soit huit mois après, soupire Johan Bencivenga. Le président de l’UPE 13 rappelle aussi que les collectivités locales représentent « 80 % de la commande publique ». Or, « les changements de gouvernance (aux conseils départemental et régional) et la création de la métropole ont entraîné et généré un trou » dans le carnet de commandes des entreprises.
Une liste concurrente
Mais les dissensions et les divisions que pointent régulièrement les responsables de l’UPE 13 ne sont pas l’apanage du monde politique. Alors que son ancien président, Jean-Luc Chauvin, se présente aux élections à la Chambre de commerce et d’industrie Marseille-Provence, il devra affronter une liste concurrente baptisée , menée notamment par Alain Gargani, président de la CGPME 13. « Nous lui avons proposé à plusieurs reprises de venir avec nous mais à ce jour, nous n’avons pas trouvé la solution », reconnaît Johan Bencivenga.
Les élections aux CCI Marseille-Provence et Pays d’Arles se dérouleront du 20 octobre au 2 novembre. Les résultats seront connus le 10 novembre. Environ 105.000 chefs d’entreprise (94.000 à Aix-Marseille et 11.000 à Arles) sont appelés aux urnes pour élire leurs délégués consulaires. Lors du précédent scrutin en 2010, le taux de participation n’avait pas dépassé 14 %.