Un quotidien inaccessible

Un quotidien inaccessible

Joseph n'était plus venu sur la Canebière depuis trois ans. « Avec les travaux, c'était impossible de circuler », explique le cinquantenaire, en fauteuil roulant depuis dix ans. Hier, avec d'autres membres de l'Association des Paralysés de France (AP...
S. Harounyan-  ©2007 20 minutes

S. Harounyan- ©2007 20 minutes

Joseph n'était plus venu sur la Canebière depuis trois ans. « Avec les travaux, c'était impossible de circuler », explique le cinquantenaire, en fauteuil roulant depuis dix ans. Hier, avec d'autres membres de l'Association des Paralysés de France (APF), il était de retour sur l'avenue, choisie pour la campagne nationale « Accéder7exister ! » .Toute la matinée, l'équipe a testé l'accessibilité de chaque commerce, en les étiquetant au passage : rouge (pas du tout), orange (un peu) ou vert (beaucoup).

Le constat est sans appel. Sur les vitrines, le rouge fleurit : marches à l'entrée, comptoir trop élevé, toilettes impraticables... « La loi handicap de 2005 impose aux communes un état des lieux de mise en accessibilité pour 2015, mais sans participation financière pour aider les petits commerces de bonne volonté », note Hélène Bessone, responsable départementale de l'APF. Les établissements publics ou de service doivent aussi revoir leur copie. Ainsi, le commissariat Noailles flambant neuf n'a pas de porte coulissante à l'issue de la rampe d'accès. Plus loin, un distributeur de banque semble à la bonne hauteur. « J'aurais pensé pareil avant d'être en fauteuil, assure Joseph. Mais regardez, j'ai du mal à m'en approcher. »

La loi de 2005 a néanmoins permis de rattraper le retard, notamment à Marseille. « Le métro, par exemple, avait été conçu de telle façon que même aujourd'hui, il est difficile de le rendre accessible, assure Didier Garnier (UMP), en charge du dossier à la communauté urbaine. En revanche, le tramway avec ses chaussées abaissées le long du trajet, l'est totalement. » « Mais si on a un transport accessible menant vers des magasins qui ne le sont pas, on fait quoi, relève Joseph, on prend le soleil ? » La matinée s'achève au bas des marches du musée Cantini, dont les trésors resteront inaccessibles. « Souvent, on me dit qu'il faudrait vivre une journée en fauteuil pour comprendre, reprend-t-il. Au contraire, il faudrait qu'une personne handicapée essaie de suivre le parcours d'une valide. Le jour où on pourra circuler ensemble, on aura gagné. »