Euro 2016: La vente d'alcool en question à Marseille
SOCIÉTÉ•La vente d'alcool à emporter est dans le viseur...A.R.
Il s’est senti littéralement « abandonné ». Durant trois soirées, il a été obligé de fermer son restaurant. Une perte estimée à 4.000 euros. « C’était trop dangereux pour mes employés, estime Michel, le patron du « Barbu », sur le Vieux-Port. Il y avait des mouvements de panique, on a pris les lacrymogènes toute la journée samedi. Ce n’était pas possible ».
« C’est mieux lorsqu’il ne se passe rien à Marseille car là, on ne peut pas travailler »
Depuis jeudi soir, des échauffourées opposent supporters anglais et russes autour du Vieux-Port. Samedi, les violents affrontements ont fait 35 blessés, dont quatre grièvement.
« Nous sommes aussi des victimes dans tout ça, estime Laurent, le patron de « La Côte de bœuf » et du « Fuxia ». C’est mieux lorsqu’il ne se passe rien à Marseille car là, on ne peut pas travailler. Nous sommes obligés de fermer la terrasse pour protéger les gens. Quand ils n’ont plus de bouteilles de bière à lancer, ils jettent nos tables et nos chaises ». Même scénario plus haut, sur le Cours Estienne d’Orves. « Dès qu’ils lèvent les chaises, ça veut dire qu’ils vont les balancer », raconte Elie, un restaurateur.
Une réunion entre la ville et les restaurateurs est organisée dimanche soir notamment pour évaluer les dégâts. La ville souhaite demander un fonds d’indemnisation auprès des consulats d’Angleterre et de Russie pour dédommager les commerçants.
Lundi, la ville doit annoncer les futures mesures pour « que la suite de l’Euro se déroule bien et que les commerçants puissent faire leurs chiffres d’affaires ».
La vente d’alcool interdite dans les « périmètres sensibles »
Et la vente d’alcool est au cœur des débats. « J’ai une licence IV, je vends une pression 3 euros, les épiceries 80 centimes : pendant que j’en vends une, ils peuvent en acheter presque quatre ailleurs », déplore aussi Elie.
Dans plusieurs villes accueillant l’Euro, sponsorisée par la bière Carlsberg, la vente est encadrée et restreinte, comme à Bordeaux.
Dimanche, Samia Ghali (PS), sénatrice des Bouches-du-Rhône a proposé d’encadrer la vente en ville avec un arrêté municipal. Selon elle, « la limitation de la vente d’alcool dans les supermarchés et épiceries » peut « lutter conter le débit incontrôlé conduisant à des situations d’ivresse publique à risque pour la paix sociale et la sécurité ».
« Le maire prendra une décision lundi sur cette interdiction ou pas, martèle de son côté Solange Biaggi. Un cafetier sait quand il doit arrêter de vendre de l’alcool. Mais les supporters sont arrivés avec des montagnes de bouteilles dans leurs bus. »
Autour du Vélodrome, deux arrêtés du préfet de police interdisent déjà la vente d’alcool à emporter les jours de match et dans le périmètre du Prado, tous les jours d’ouverture de la fan zone, dans laquelle de l’alcool est vendu.
Ukraine-Pologne le 21 juin
Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, a aussi annoncé dimanche l’interdiction des ventes d’alcool dans les « périmètres sensibles » les veilles et jours de match, rapporte l’AFP. « Cette mesure pourra concerner le domaine public, les commerces de proximité ainsi que les débits autorisés en cas de vente à emporter. Les préfets pourront également interdire en terrasse les contenants susceptibles d’être utilisés comme projectiles », a souligné Bernard Cazeneuve. A Marseille, les bars utilisent déjà des verres en plastique à l’extérieur.
Mais pour Alain Paulin, le président de l’UMIH du département, « le problème n’est pas venu de l’alcool. Des bandes sont arrivées et elles n’étaient pas alcoolisées. Ceux qui ont commencé n’étaient pas ceux qui étaient sur place. Les derniers événements nuisent à l’image de la ville sur le long terme, poursuit le professionnel. Il faut que ce genre de choses ne se reproduisent plus », indique-t-il, en pensant notamment au match Ukraine-Pologne du 21 juin au Vélodrome. Un autre match classé sensible par les autorités.