Aix-Marseille: La métropole attire de loin mais repousse de près
SOCIETE•L'Insee révèle dans une étude que le solde migratoire de la métropole est négatif...Mickael Penverne
La métropole Aix-Marseille Provence attire de plus en plus d’habitants des autres régions mais refoule vers ses périphéries, voire ses « franges », ses propres habitants. C’est l’une des conclusions d’une étude de l’Insee publiée mardi et réalisée en collaboration avec l’Agence d’urbanisme de Marseille (AGAM) et l’Agence d’urbanisme du Pays d’Aix (AUPA). Sur les 13 métropoles françaises, seules trois ont un solde migratoire positif : Nantes, Bordeaux et Montpellier.
Aix-Marseille Provence fait donc partie des métropoles où il y a davantage de départs que d’arrivées. Certes, le déficit du solde migratoire reste peu élevé (-0,1 %) mais il interroge les urbanistes, les économistes et les élus. Pourquoi les habitants quittent-ils le territoire ? Et où vont-ils ? Au sein de la métropole, l’Insee constate d’abord que ces mouvements sont plus nombreux au départ des villes de Marseille et Aix-en-Provence.
Vers les franges
En fait, ces deux centres urbains jouent le rôle de « hub » pour les nouveaux arrivants qui viennent notamment de la région parisienne. Ils s’y installent au début, avant de migrer, quelques mois ou quelques années plus tard, vers des communes plus petites. La plupart du temps, ils quittent un appartement pour une maison qu’ils viennent d’acquérir. Cette mobilité résidentielle « intra-muros » est plus importante que dans les autres métropoles.
Selon l’Insee, 9,9 % de la population d’AMP a déménagé l’année dernière au sein du territoire métropolitain – contre 9,2 % en moyenne dans les autres collectivités. « Sa grande étendue (3 150 km2 contre 784 km2 en moyenne pour les métropoles régionales), explique en partie ces mouvements intérieurs », précise l’Institut. Mais l’Insee note aussi que beaucoup de ces départs se font vers les « franges » de la métropole, autrement dit vers des territoires extérieurs.
Une décorrélation
Les habitants sont attirés en particulier par l’Ouest varois et l’aire toulonnaise qui concentrent 60 % de ces départs. La métropole se trouve également en déficit avec les autres régions du sud de la France, comme Midi-Pyrénées, le Languedoc-Roussillon et la Corse. Conclusion : AMP demeure attractive pour des habitants de territoires lointains (au nord de la Loire pour résumer) mais repousse, ou « essaime » selon l'Insee, sa population sur ses périphéries, voire les autres régions du sud de la France.
Ces migrations posent plusieurs problèmes. D’abord, celui des transports. En déménageant du centre vers la périphérie ou les « franges » extérieures, les habitants s’éloignent de leur travail. « Cette dé-corrélation entre là où on habite et là où on travaille pose problème », note Christian Brunner, directeur général de l’AGAM, en termes d’encombrement des axes routiers et de pollution atmosphérique, par exemple.
Cet éloignement peut également « fragiliser » les ménages les plus modestes, rappelle Jean Picon, directeur d’études à l’AGAM : « Il suffit que le prix des carburants augmente d’un coup pour qu’ils se retrouvent en difficulté ». Surtout quand les transports en commun sont insuffisants ou mal connectés entre eux, comme c’est le cas à Aix-Marseille Provence où il n'existe, pour l'instant, aucune coordination.
Force de persuasion
Ces mouvements migratoires soulèvent aussi la question du logement. L’offre « est-elle adaptée aux besoins (…) pour retenir ses habitants et attirer de nouvelles populations ? », interroge l’étude de l’Insee. La réponse est plutôt négative. Selon le ministère du Logement, les permis de construire ont progressé en PACA de 15,5 % entre février et avril. Or, ces logements mis sur le marché récemment sont principalement des deux ou trois pièces, c’est-à-dire pour des couples sans ou avec un enfant.
Les familles plus nombreuses, de leur côté, ont du mal à trouver des logements adaptés car les promoteurs immobiliers préfèrent commercialiser des deux ou trois pièces qui sont plus rentables que des T4 ou des T5, « On a pourtant besoin de loger nos familles, s’inquiète mardi Laure-Agnès Caradec, présidente de l’AGAM et conseillère municipale à Marseille. A nous d’inciter les promoteurs à proposer une surface qui soit viable ». Mais interrogée sur les moyens dont l’élue dispose pour les « inciter », elle répond simplement : « Ma force de persuasion ».