Marseille, «plaque tournante du trafic de tabac» en France
SOCIETE•Les Douanes ont saisi 18 tonnes de tabac en 2015 : deux fois plus qu'un an avant…A.R.
Deux fois plus qu’en 2014. Les douanes de Marseille ont intercepté 18 tonnes de contrebande de tabacs en 2015, pour une valeur marchande de 5,526 millions d’euros.
« La fraude en matière de tabac est emblématique à Marseille », assure Guy Jean Baptiste, le directeur régional des douanes de Marseille.
Deux grosses saisies dans des containers
A l’aéroport Marseille Provence, les douaniers se concentrent la plupart du temps sur les vols dits sensibles, en provenance de pays avec des taux de taxations plus légers qu’en France.
Une fois les vols identifiés, « il y a deux niveaux de contrôle, détaille le directeur régional. D’abord un contrôle visuel des bagages en amont par des équipes dispersées et habillées en civil, accompagnées d’un maître-chien en uniforme. Puis il y a une identification du propriétaire : une fois que la personne a récupéré une valise, c’est qu’elle lui appartient, et un contrôle à la sortie. Il y a aussi des contrôles aléatoires, un voyageur sur dix environ ».
Lundi par exemple, un passager en provenance d’Istanbul a été contrôlé avec quatre cartouches de cigarettes au lieu d’une seule autorisée et ne les a pas déclarées. Le contrevenant devra payer une amende et les cigarettes ont été saisies.
« Nous avons fait de petites quantités, mais aussi de grosses saisies comme 2,3 tonnes de tabac à narguilé ou 10 tonnes de tabac dans un container en provenance de Chine à Port-Saint-Louis en octobre », souligne Guy Jean Baptiste.
« Il y a beaucoup plus de patrouilles des douanes sur le terrain »
« Entre le port et l’aéroport, Marseille est une plaque tournante du trafic de tabac, assure Vincent Umile, le président du syndicat des buralistes des Bouches-du-Rhône. Avec les attentats, il y a beaucoup plus de patrouilles des douanes sur le terrain, donc plus de saisies et il y a aussi la proximité de la Corse où le paquet de cigarettes est moins cher ».
Pour lui, les vendeurs à la sauvette font davantage « de tort aux buralistes » marseillais. Dans un rapport sur le marché illicite de tabac en France, daté de 2012, l’observatoire français des drogues et des toxicomanies parle d’un « phénomène est cependant circonscrit à quelques quartiers en France, essentiellement la Goutte d’Or et Barbès à Paris, la Place Noailles à Marseille ou la Place Arnaud-Bernard à Toulouse. Généralement, cette vente au détail s’effectue en petites quantités, souvent au paquet de cigarettes. »
« J’ai vendu du tabac pendant 35 ans et je n’ai jamais voulu que mes enfants fument. Il faut une éducation à la santé dès l’école. Mais augmenter le prix pour des raisons de santé ne servira à rien, estime Vincent Umile. Mais est-ce que ça ne va pas encore augmenter la contrebande » ? s’interroge-t-il. En France, 1.000 débits de tabac ont fermé l’an dernier, selon le syndicat des buralistes.