C’est le mot qui revient sans cesse quand les journalistes évoquent l’OM ces derniers temps. L’effectif, 12e en championnat, « vit en autogestion et s’enlise inexorablement », écrivait La Provence le 22 mars. Michel ferait « face à un groupe quasiment en autogestion », appuyait encore l’Equipe deux jours plus tard.

En perte d’autorité sur ces ouailles, l’Espagnol serait, d’après les confidences de couloirs, également désavoué du président. Incapable de le licencier, sans avoir à régler une ardoise de presque deux millions d’euros, comment Vincent Labrune va se sortir de ce bourbier ? Margarita Louis-Dreyfus pourrait accepter de nommer un quatrième entraîneur cette saison, après Marcelo Bielsa, Frank Passi et Michel. Elle pourrait aussi choisir de laisser le groupe, sans coach, dans les faits comme sur le papier, cette fois.

La tentation d’un Mandanda entraineur-joueur

L’initiative, effarante au premier coup d’œil, ne serait pourtant pas une première. Marcelo Bielsa lui-même, prônait l’autogestion en 2015. Après une défaite des Marseillais face à Caen (2-3, le 27 février 2015), l’Argentin voyait dans le « rejet » de ses méthodes, un « signe de croissance ». « Nous sommes dans une période où l’autogestion du groupe est une priorité, expliquait El Loco. Parfois, le staff résout les problèmes. Et le plus souvent, l’initiative vient des joueurs. »

Même si plusieurs cadres ont quitté le club pendant l’été 2015, d’autres se distinguent cette saison : Abou Diaby, Lassana Diarra et surtout Steve Mandanda, capitaine, fin connaisseur d’un OM qui l’emploie depuis neuf ans et bras droit indiscutable de Michel. Quitte à sortir de sa réserve habituelle pour remettre en cause les choix du coach ou à reprendre de volée Brice Dja Djédjé. De là à le placer en coach-gardien ? Certains supporters ne se privent pas de poser la question.

En football, la plupart des entraineurs-joueurs, n’ont pourtant pas laissé de traces mémorables. Nicolas Anelka n’a pas tenu deux mois à Shangaï. Gennaro Gattuso s’est fait virer du FC Sion après avoir glané 10 points en 11 matchs. Contre son gré, Alain Perrin avait lui montré que des joueurs révoltés contre un coach, peuvent innover. En 2003, le tacticien avait abandonné les joueurs de l’OM, en échec face à Nice à la mi-temps, 1-0. Ils avaient remonté les Aiglons (2-1) en renversant la stratégie de Perrin.

L’autodirection de Ferguson et Onesta

Sans le savoir, le futur sélectionneur de la Chine appliquait ici la théorie d’autodirection, développée par Isaac Getz, dans Liberté et Cie. Le docteur en psychologie dessine un management qui responsabilise les salariés, applicable à l’entreprise, « comme à l’armée ou à une équipe sportive », assure l’universitaire. Alex Ferguson appliquait cette méthode. « Il faisait une totale confiance à son équipe, explique le professeur, jusqu’à pouvoir regarder le match des gradins et pas sur le banc. »

Il ne s’agit pas ici de supprimer le chef mais que celui-ci s’efface pour créer les conditions dans lesquelles les joueurs peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes. « Un jour, j’en ai eu ma claque de faire le maître d’école, racontait Claude Onesta, sélectionneur de l’équipe de France de handball et adepte de « l'entreprise libérée ». Je leur ai dit : " Voyez cette situation, d’habitude, je vous disais comment vous deviez la jouer ; eh bien là, vous allez me dire comment vous souhaitez la jouer ". L’idée pour moi était de passer du jeu de l’entraîneur au jeu de l’équipe. De ne plus avoir des joueurs assis, qui se défaussent en cas d’échec sur le staff, mais des joueurs debout, prenant leur responsabilité dans l’aventure collective. »

Sous la « République » d’Onesta, les Bleus ont remporté deux fois l’or aux JO et trois titres mondiaux. Sir Ferguson, a lui gagné 13 titres de champion d’Angleterre avec Manchester United. L’OM, est 12e de Ligue 1, à sept journées de la fin du championnat.