SOCIÉTÉJulie Gayet débat des droits des femmes à Marignane

A Marignane, Julie Gayet évite les polémiques et débat des droits des femmes

SOCIÉTÉL’actrice et productrice est venue défendre le documentaire « L’homme qui répare les femmes » dans une petite salle de la région…
Christine Laemmel

C.L.

Un sourire timide, Julie Gayet pénètre dans la salle de presse, serre patiemment la main aux journalistes qui ont fait le déplacement au cinéma Saint-Exupéry. Si la « Première Dame » est à Marignane, c’est pour défendre le documentaire sur le Dr Denis Mukwege, chirurgien congolais, « qui répare les femmes ».

« On va s’arrêter là ? »

Deux fois nommé pour recevoir le prix Nobel de la Paix, le récipiendaire du Prix Sakharov opère depuis 20 ans des femmes violées et mutilées par des soldats. Menacé de mort, le Dr Mukwege s’est exilé en Europe, avant de revenir dans la région du Kivu, porté par les Congolaises. Interdit de diffusion dans un premier temps en République Démocratique du Congo, le film a finalement été autorisé et diffusé sur une chaîne nationale. Le 21 mars 2016, la Cour Pénale Internationale a condamné Jean-Pierre Bemba, ancien vice président de la RDC, coupable de crime contre l’humanité. Pour la première fois, le viol y est expressément cité comme crime de guerre et crime contre l’humanité.

De politique, Julie Gayet parlera peu à Marignane. Snobant d’un rictus l’interrogation d’un spectateur sur la Légion d’honneur accordée par François Hollande au Prince Saoudien. Répondant un embarrassé « On va s’arrêter là ? », lorsque son avis sur la « taxe tampon » est requis. « Je suis pour », dira-t-elle sobrement en aparté, inquiète que les journalistes cherchent l’article polémique au lieu de parler du Dr. Mukwege. D’ailleurs, tous les médias conviés à la conférence de presse, précédant la diffusion du film et un débat avec les spectateurs, ont été prévenus : pas de questions sur le Président de la République.

« Je suis féministe par essence »

L’actrice et productrice, s’engage depuis plusieurs années pour la cause féministe, et « c’est pour ça qu’elle est là aujourd’hui ». En février, elle posait dans ELLE contre l’endométriose, maladie qui touche une femme sur dix. Marraine du Fonds pour la Santé des Femmes, Julie Gayet détaille avec plaisir la campagne. « Je pense qu’il faut que les femmes s’occupent d’elles, mieux et plus (…) On a un peu tendance nous les femmes à se dire "oh c’est pas grave", on prend un Spasfon et puis "ça va te faire les dents ma fille". »

Fille de chirurgien, petite-fille de chirurgien, arrière petite-fille de chercheuse, Julie Gayet défend un féminisme inné. « Je suis femme et donc j’ai une responsabilité pour les petites filles. Je suis féministe par essence », résume l’ambassadrice. Précautionneuse dans les mots employés pour monter au front pour ses semblables, la productrice préfère être messager. « Je ne prends pas la parole directement, les films parlent pour moi, explique-t-elle. Je n’ai pas du tout l’impression d’avoir quelque chose à dire moi, c’est pour ça que je donne la parole aux autres. »

A Compiègne (Oise), Cherbourg (Manche) ou ce mardi soir à Marignane, celle du Dr Mukwege, est relayée par l’actrice dans des cinémas d’Art et d’Essai de France depuis plusieurs mois. Et chaleureusement applaudie par la salle bien garnie du cinéma Saint-Exupéry.