Marseille: Un réseau ferré vieillissant et mal financé
TRANSPORTS•SNCF Réseau a présenté les grandes lignes de ses projets en PACA pour l'année 2016...Mickael Penverne
Continuer d’entretenir et de moderniser le réseau ferré dans un contexte économique et financier toujours très tendu, tout en cumulant soi-même une dette de 37 milliards d’euros. C’est dans ce contexte (pas facile) que SNCF Réseau (ex-Réseau Ferré de France) a présenté ses grandes orientations pour 2016 et les années à venir : liaison Aix-Marseille, gare Saint-Charles, Ligne Nouvelle PACA…
- Dans quel état se trouve le réseau ferroviaire ?
La région PACA compte près de cinq millions d’habitants et attire 37 millions de touristes par an. Or, les infrastructures n’ont pas suivi cette croissance démographique. Il faut toujours 6 heures pour faire Paris-Nice, plus de 4 heures pour rejoindre Lyon, 8 heures pour Bordeaux et 2 h 40 pour faire Marseille-Nice distante de seulement 240 km. Le réseau ferré en PACA est « vieillissant », reconnaît SNCF Réseau. « Quasiment l’ensemble des voies entre Avignon et Vintimille, ainsi que la majorité des ouvrages d’art, ponts et tunnels, sont à renouveler dans les 15 ans à venir ». Quant à la gare de Marseille Saint-Charles, elle se trouve « en limite de capacité » et ne peut accueillir plus de 23 trains par heure.
- Quels sont les moyens financiers engagés ?
Pour moderniser et entretenir le réseau, SNCF Réseau a engagé 230 millions d’euros en 2015. Cette année, ce sera dix millions de moins. L’établissement public a prévu de dépenser 70 millions d’euros de maintenance et 150 millions de modernisation un peu partout dans la région. Parallèlement, l’établissement public peut lancer d’autres opérations dans le cadre du Plan Etat-Région signé l’année dernière. Pour un CPER de 912 millions d’euros, SNCF Réseau se dit prête à mobiliser 121 millions d’euros. Le problème, c’est que les collectivités locales doivent impérativement mettre la main au pot. « Or, la conjoncture économique actuelle imposant (à ces dernières) de faire des arbitrages, la question du financement demeure, écrit SNCF Réseau. Il reste environ 400 millions d’euros à trouver »…
- Dans ces conditions, que devient la liaison Marseille-Aix ?
SNCF Réseau devrait lancer en 2016 la 2e phase de modernisation de cette ligne, soit le doublement de la voie entre Luynes et Gardanne, l’allongement du quai en gare de Saint-Antoine, la création d’une nouvelle halte à Plan-de-Campagne… L’objectif est de permettre un doublement de la fréquentation d’ici 2020, avec quatre TER par heure, dans les deux sens.
- Où en est la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur ?
La LGV PACA ayant été enterrée en 2014, SNCF Réseau travaille depuis plus d'un an sur le projet de la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur qui sert le même objectif - mais pas avec les mêmes moyens : désengorger les nœuds ferroviaires marseillais et azuréens. Les études se poursuivent pour boucler le dossier de l’enquête publique qui sera ouverte en 2017.
- Et la gare souterraine à Saint-Charles ?
En 2013, Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre, avait annoncé la construction d’une gare souterraine à Marseille capable d’accueillir « 20 millions de personnes par an », pour un investissement de 2,5 milliards d’euros. Prudent, Jean-Marc Ayrault n’avait pas donné de calendrier. Martine Vassal, présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, a souhaité il y a quelques semaines que ce projet aboutisse en 2020. Impossible, estime Jacques Frossard, directeur régional de SNCF Réseau. « Une grande partie des acteurs politiques ont changé depuis 2013, a-t-il rappelé. Et maintenant, les prochaines échéances électorales sont en 2017. Nous avons donc une fenêtre de tir assez courte. Si nous la loupons, nous basculerons dans le second semestre 2017. Dans ces conditions, une gare souterraine en 2020… » En attendant, un comité de pilotage réunissant le préfet et le président de la région PACA, Christian Estrosi, devrait se réunir dans quelques semaines pour fixer un calendrier et surtout, le paiement pour les prochaines études et acquérir le foncier. Or, il manque déjà 24 millions d’euros, signale Jacques Frossard.
- Pourquoi est-ce si long ?
C’est une question qui revient sans cesse : entre l’annonce d’un nouveau projet et la mise en service, il se passe toujours quelques années. Il faut d’abord « faire émerger le projet », puis le définir et le concevoir. Vient ensuite la partie la plus complexe et la plus longue qui reste, sans surprise, le financement avec des négociations entre l’Etat, les collectivités et les divers établissements publics. Au final, entre les deux bouts de la chaîne, il peut se passer entre cinq… et 30 ans, reconnaît Jacques Frossard.