Aix-en-Provence: Une plateforme téléphonique pour le mal-logement
SOCIETE•Les habitants du Pays d'Aix peuvent désormais appeler la plateforme téléphonique de la Fondation Abbé Pierre pour être relogés...Mickael Penverne
Selon la Fondation Abbé Pierre, qui a publié son rapport annuel fin janvier, près de 3,8 millions de personnes seraient mal logées en France. L’association estime, en outre, que 12 millions de personnes sont susceptibles de basculer dans cette catégorie, vu la cherté des loyers et des charges. Au total, « quinze millions de personnes sont touchées, avec une intensité diverse, par la crise du logement », soit près d’un Français sur quatre.
Le constat est, comme toujours, accablant et ne concerne pas que les zones ou les villes les plus pauvres, comme Marseille. Le pays d’Aix-en-Provence compte aussi son lot de logements insalubres et de marchands de sommeil. L’Association logement du Pays d’Aix (ALPA), qui vient en aide aux locataires menacés d’expulsion ou mal logés depuis une quinzaine d’années, vient de rejoindre le dispositif de la Fondation Abbé Pierre : la permanence d’accompagnement aux droits liés à l’habitat (PADHL).
Pas de simplification
Mise en place dans la région PACA en 2012, la PADHL s’organise autour d’une permanence téléphonique* assurée par les bénévoles de la Fondation. A chaque appel, ces derniers rédigent une « fiche alerte » puis mettent en relation les appelants avec une association locale, comme l’ALPA, qui prend en charge le dossier notamment sur le plan juridique. L’association, qui vient d’embaucher une juriste, accueillera les plaignants les jeudis matin et vendredi après-midi.
L’un des objectifs de cette plateforme est de permettre l’application du droit au logement opposable (DALO) qui permet aux demandeurs de logement social de saisir une commission de médiation départementale puis, si aucune réponse ne lui a été faite, de déposer un recours devant le tribunal administratif pour condamner l’Etat. Mais contrairement à son objectif initial, le dispositif DALO n’a pas raccourci ni simplifié l’accès au logement social. Au contraire.
Au bout du bout
Non seulement, il faut toujours des mois, voire des années, pour que se libère un appartement, mais en plus, la multiplication des recours administratifs finit par « épuiser » les demandeurs « qui n’ont pas forcément les connaissances juridiques ni les moyens financiers » pour aller au bout, précise Julie Konarkowski, chef de service à l’ALPA. « On se retrouve très souvent avec des personnes qui n’y croient plus. Et on est contraint d’y croire pour deux… »
L’association a renforcé son équipe en embauchant une juriste qui pourra traiter et suivre les dossiers jusqu’à leur résolution complète de la situation, c’est-à-dire l’accès à un appartement. C’est l’autre avantage de cette opération menée conjointement avec la Fondation Abbé Pierre. Etant financée par des collectivités locales, l’ALPA est contrainte de limiter ces actions sociales dans le temps : six mois, un an… En travaillant avec la Fondation, elle va pouvoir désormais aller « au bout du bout », conclut Julie Konarkowski.
*Appelez le 04 91 50 65 47.