Marseille: Les chenilles processionnaires sont de retour
ENVIRONNEMENT•Les chenilles processionnaires sont de retour dans les pins de la région...M.P.
Est-ce l’effet d’un hiver très doux ? Les chenilles processionnaires arrivent en nombre cette année. Les premiers nids ont été repérés il y a quelques semaines déjà dans les pins de la région. A tel point que l’Agence régionale de la santé (ARS) a émis un bulletin d’alerte contre leur « prolifération ». Deux semaines plus tôt, le Parc national des calanques prévenait déjà les promeneurs du risque dus à ces insectes que l’on voit pulluler au printemps.
La chenille processionnaire du pin est un papillon de nuit. Son nom vient du fait qu’elles se déplacent en file indienne, formant ainsi des processions. Reconnaissables à leurs nids de soie blanche bien visibles dans les branches, elles peuvent présenter un risque pour les hommes et surtout, les animaux domestiques. Leurs poils contiennent en effet une toxine urticante et allergisante (la thaumétopoéine) qui se libère au contact de la peau.
La mésange comme prédateur
Chez l’homme, cette toxine provoque des irritations, c’est-à-dire des boutons qui disparaissent au bout de quelques jours. Chez les chiens, en revanche, elle peut provoquer des dégâts irréparables tels que la perte de la langue ou de l’œil. La menace est prise au sérieux par l’ARS qui conseille aux autorités de porter une « attention particulière (…) dans les lieux où une contrainte forte est identifiée (cours d’école, arbres remarquables, parcs très fréquentées…) ».
Le Parc des calanques s’était lancé en 2015 dans la bataille avec l’installation d’une soixantaine « d’écopièges » à Port-Pin, Sormiou et Morgiou. Cette année, l’établissement public laisse les propriétaires des forêts poser des pièges à phéromone qui attirent les papillons mâles dans un sac. Des nichoirs à mésange (qui est un prédateur naturel) devraient aussi être construits avec des scolaires dans le cadre de journées d’éducation à l’environnement.
Les autoroutes des pins
Cependant, la chenille processionnaire reste un « maillon essentiel de la chaîne alimentaire », rappelle le Parc. « Des nombreuses espèces se développent dans leurs nids qui constituent un véritable microsystème », explique Marguerite Pierson, chargée de mission au Parc. Certaines microguêpes, des mouches parasites ou encore des scarabées ont besoin de ces chenilles pour se développer. « C’est vrai qu’elles sont urticantes mais l’homme doit apprendre à vivre avec son environnement », conclut la scientifique.
Enfin, si les chenilles sont urticantes pour l’homme et dangereuses pour les animaux, elles ne détruisent pas les arbres dans lesquels elles se développent. A l’origine méditerranéenne, cette espèce s’est développée peu à peu dans le Nord de la France à cause notamment du réchauffement climatique mais aussi des nombreux pins qui sont plantés le long des routes et autoroutes, et qui forment un « corridor » idéal pour sa propagation.