TRADITIONMarseille: La bataille continue pour l'obtention de l'IGP du savon

Marseille: La bataille continue pour l'obtention de l'IGP du savon

TRADITIONPour l’Union des professionnels du savon de Marseille, la fabrication doit se faire obligatoirement dans les Bouches-du-Rhône…
Amandine Rancoule

A.R.

L’enquête publique s’est terminée la semaine dernière. L’association des fabricants de savon de Marseille a déposé l’an dernier un cahier des charges auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) pour l’obtention de l’indication géographique protégée (IGP) dans la fabrication du savon de Marseille.

Deux écoles s’affrontent à ce propos, toutes les deux veulent faire homologuer leur savon. D’un côté l’association des fabricants de savon de Marseille, dont l’Occitane en Provence fait partie, de l’autre l’Union des professionnels du savon de Marseille (UPSM), regroupant des savonneries au « savoir-faire traditionnel ».

« L’existence du cube brut est essentielle car c’est un produit de qualité »

« Suite au dépôt de notre cahier des charges, l’enquête publique vient d’être clôturée, souligne Serge Bruna, le directeur de la savonnerie la Licorne et le président de l’association des fabricants de savon de Marseille. L’existence du cube brut est essentielle car c’est un produit de qualité : nos collègues font du très bon savon, qui représente moins de 10 % de notre activité. C’est dommage de ne pas s’entendre, assure-t-il. L’objectif serait de faire une seule association qui garantirait au consommateur un savon de qualité et qui valoriserait nos produits ».


De savon de Marseille - ANNE-CHRISTINE POUJOULAT/AFP


Mais « leur cahier des charges menace le procédé de fabrication traditionnelle », estime Adrien Sergent, un Marseillais, auteur d’une pétition « Sauvons le savon de Marseille », en ligne sur change.org. « Ils proposent de fabriquer le savon en dehors de la zone géographique historique de Bouches-du-Rhône (…) de faire du savon sans huile d’olive (…) et sans même respecter le procédé traditionnel de fabrication en chaudron », écrit-il sur la pétition signée par plus de 88.000 personnes.

Déjà en 2012, il avait recueilli 21.000 signatures pour « sauver » la savonnerie du « Fer à cheval ».

>>A lire : La savonnerie du Fer à cheval veut repartir avec un nouveau repreneur

« Je suis très attaché au patrimoine provençal, raconte-t-il. Le savon de Marseille fait partie de mes souvenirs d’enfance et j’ai voulu lancer cette pétition pour ne pas perdre un bout de notre patrimoine commun : si ce cahier des charges est adopté, cela serait une catastrophe pour le consommateur qui ferait une confusion entre le vrai savon et un savon industriel ordinaire », estime-il.

« Sans parfum, sans colorant et sans conservateur »

Car pour l’Union des professionnels du savon de Marseille (UPSM), regroupant quatre savonneries de Marseille et de Salon de Provence, la fabrication traditionnelle doit respecter certaines règles.

Selon la charte de l’UPSM, « le lieu de fabrication des savons doit être situé dans la zone d’origine du savon de Marseille, le département des Bouches du Rhône ». Il doit être conçu en chaudron « à partir de corps gras d’origine végétale uniquement, sans parfum, sans colorant et sans conservateur ». Le groupement prépare son propre cahier des charges pour le déposer à l’INPI et bénéficier d’un IGP, « protégeant leur savoir-faire et la tradition ».